Chez Robi Studios, “on aime ce qu’on fait“ et ça se sent. Ce slogan, affiché sur leur site officiel, ne laisse aucun doute sur les ambitions de cette petite équipe indépendante animée d’une passion qui brûle d’une belle flamme bleue qui a servie à forger leur premier titre : Blue Fire. Disponible sur Stadia depuis le 1er juin, on vous en dit plus sur ce mélange entre Zelda, Dark Souls et Hollow Knight que vous allez autant aimer que détester, quitte à vous laisser quelques traces de brûlures sur les doigts.
Seul dans la pénombre ?
Vous incarnez un petit être dont l’aspect fort mignon cache en réalité une grande force et une impressionnante agilité. Vous semblez être le résultat d’expériences scientifiques et votre but serait de sauver le royaume de Penumbra de la corruption ténébreuse qui l’a envahi. Auriez-vous été créé justement dans ce but ? On se pose beaucoup de questions lors de nos premiers pas dans les couloirs de cet étrange château et ce ne sont pas les quelques documents disséminés ça et là qui apportent les réponses suffisantes.
Très vite cependant, l’objectif devient clair : pour vous aider dans votre quête, vous devrez quérir l’aide des dieux en visitant leurs anciens temples. Et très vite également, les inspirations de Robi Studios sautent aux yeux : un univers à la Hollow Knight, un gameplay qui oscille entre des combats à la Dark Souls et des phases de plateformes à la Super Meat Boy, le tout marinant dans une progression qui fait beaucoup penser à Zelda. Une recette éclectique, donc, mais qui fonctionne parfaitement bien.
Un jeu qui s’inspire, un joueur qui expire
Dans un premier temps, c’est le côté “Dark Souls“ du jeu qui ressort. On se retrouve en effet dans un château délabré tout aussi étrange qu’impressionnant, englué dans la corruption et envahi de monstres. Le système de combat est plutôt classique en soi, vous pouvez cibler vos ennemis, puis les attaquer à l’aide de votre arme tout en faisant bien attention à esquiver leurs coups voire les contrer grâce à votre bouclier. Utiliser ce dernier au bon moment vous octroie alors une minuscule fenêtre de temps afin d’asséner un coup puissant.
On comprend aussi très vite d’où vient l’inspiration de la série de From Software dès le premier ennemi rencontré qui peut vous renvoyer dans votre tube à essai aussi rapidement que vous êtes venu. Heureusement, pour vous aider, vous pourrez améliorer votre arme ou en découvrir de nouvelles. Cela dit, malgré ça, la difficulté est trop élevée et si jamais les jeux difficiles et exigeants ne sont pas votre fort, on vous suggère dès le départ de sélectionner le mode “Débutant qui permet de prendre moins de dégâts et d’en infliger davantage. Une aide qui est aussi la bienvenue lors des nombreuses phases de plateformes car vous serez plus résistants aux dégâts de chutes. Et les chutes seront nombreuses…
De la peine et des ombres
Blue Fire est aussi et presqu’avant tout un jeu de plateformes 3D dont les mécaniques et la difficulté semblent inspirés du saignant Super Meat Boy. D’ailleurs, l’extrême agilité de notre héros n’est pas sans faire penser à celle du héros de ce jeu culte. Notre mignon guerrier est plutôt rapide, il peut sauter, effectuer une ruée dans la direction de votre choix et pourra petit à petit faire encore plus de cabrioles entre double sauts, courses sur les murs, etc. Une vraie panoplie de gymnaste de l’extrême qui ne sera pas de trop si vous souhaitez conquérir les seize royaumes du Vide, des sortes de mondes parallèles dans lesquels vous devrez atteindre un objectif tout en récupérant trente orbes placées sur votre chemin.
De véritables “puzzle jumps“ qui risquent fort de mettre à mal votre patience tant la difficulté est élevée. Ne vous fiez pas au tout premier royaume rencontré qui est une véritable tasse de thé, les choses se corsent dès le second. Pourtant, bien qu’optionnelles, ces épreuves, qui renvoient celles de “Ninja Warrior“ à l’école maternelle, sont un mal nécessaire car les terminer vous octroie un coeur de santé dont vous aurez inexorablement besoin. La récompense en vaut la chandelle et il y a un réel sentiment d’accomplissement qui vous envahit lorsqu’enfin, vous parvenez à vos fins.
YOLO Knight
Vous l’aurez compris, Blue Fire est difficile, très difficile même. Que ce soit dans ses phases de combats ou de plateformes, ou plus généralement de part sa jouabilité un peu “lunaire“ à laquelle il faut s’habituer, le titre du studio indépendant argentin place la barre très haut et se veut exigeant. Vous allez rager, avoir les mains moites et hurler toute sorte de noms d’oiseaux jusqu’à réussir les passages qui vont donneront du fil à retordre. D’autant plus que lorsque notre chevalier de l’ombre passe de vie à trépas, il revient au dernier point de sauvegarde activé en ayant perdu tout son minerai.
Il ne vit donc pas qu’une fois, contrairement à l’adage, mais à quel prix. Cependant, ce petit pécule amassé n’est pas perdu définitivement, vous pouvez aller le récupérer… en restant en vie, bien sûr. En revanche, point positif : si jamais la mort a lieu dans un royaume du Vide, vous vous retrouvez simplement éjecté de ce dernier et vous pouvez recommencer à loisir sans avoir perdu quoique ce soit. Quand on voit la difficulté de ces épreuves, ce n’est pas un mal, en effet…
Explorateur, gardien de la mémoire…
Mais heureusement, Blue Fire, ce n’est pas que des crises de nerfs, c’est aussi de l’exploration, des énigmes à la “Zelda“ et de nombreux retours en arrière en mode “Metroidvania“ lorsque vous débloquez de nouvelles capacités. L’univers proposé par Robi Studios fait irrémédiablement penser à celui dépeint par la Team Cherry dans Hollow Knight, un monde sombre et mélancolique, peuplé de quelques rares habitants, que vous allez traverser avec un sentiment de solitude, accentué par une bande originale discrète qui colle parfaitement aux nombreux environnements rencontrés.
Même constat sur le plan graphique avec un cel shading très réussi même si la modélisation dans son ensemble est un peu plus sommaire, jeu indépendant oblige. Malgré tout, la petite équipe de Robi Studios parvient à proposer des décors qui flattent la rétine et les différentes régions traversées ont toute un certain cachet. Vous aurez d’ailleurs le temps de contempler ce qu’il y a autour de vous quand votre route sera interrompue par des énigmes à résoudre ou des mécanismes à activer. En plus de cela, vous aurez également des quêtes annexes données par les quelques personnages non hostiles que vous croiserez.
Il y a de nombreux mystères dans le monde de Blue Fire et on est véritablement happé par ceux-ci. Toutefois, tous ces éléments vous demanderont de bien mémoriser votre parcours car le jeu ne contient ni carte, ni boussole, ni indications quelconques pour vous repérer. Vous ne pourrez ainsi compter que sur votre mémoire. On est donc loin d’être guidé ce qui est à la fois appréciable et préjudiciable. Mais on vous laisse libre de placer le curseur là où vous voulez. Nous, en tout cas, on a quand même vraiment aimé nous perdre dans le monde mystérieux et enchanteur de Blue Fire !
ON A AIMÉ
+ Un univers sombre et mystérieux à découvrir
+ Un cel shading minimaliste mais maîtrisé
+ Une bande originale discrète et mélodieuse
+ L’aventure est difficile et exigeante, certains apprécieront !
+ Une bonne vingtaine d’heures pour en venir à bout
ON A MOINS AIMÉ
– L’absence d’une carte ou d’une boussole pour se repérer
– Une difficulté assez élevée qui ne plaira pas à tout le monde
Le premier titre de Robi Studios, bien que parfois imparfait, est globalement une franche réussite. Derrière son cel shading chatoyant et son univers mystérieux se cache une épopée difficile et exigeante à ne pas mettre entre toutes les mains. Pourtant, ça serait dommage de passer à côté d’une telle aventure à cause d’une difficulté trop élevée. N’hésitez donc pas à opter directement pour le mode “Débutant“ qui, malgré son nom, ne rend pas le jeu beaucoup plus simple mais aide à rendre le voyage un peu plus agréable. Vous découvrirez alors un monde mélancolique plein de secrets qui vous embarquera pour une bonne vingtaine d’heures. Entre exploration, énigmes, combats et plateforme, Blue Fire aura su clairement attirer la lumière sur lui malgré quelques zones d’ombre.