Vous pensez que 2020 était une année de merde ? Attendez de voir le monde post-apocalyptique que Chronos : Before the Ashes vous prévoit… Vous êtes dans un monde où les mégalopoles ne sont plus qu’un lointain souvenir. La légende de l’Érosion dit que le Dragon est apparu, sorti des ténèbres rouillées, lâchant ses bêtes pour écorcher l’humanité et traquer les humains qui sont allés se réfugier dans des crevasses pour survivre en petites tribus. Vous avez 18 ans, vous êtes le plus brave, le plus intelligent, le meilleur de votre tribu. Vous avez été choisi pour aller affronter le Dragon et ses bêtes et ce sera le combat de toute votre vie ! Une fois par an, les Grandes Pierres s’éveillent et vous permettent de vous rendre dans le labyrinthe pour aller affronter vos ennemis. Mais à chacune de vos défaites, vous êtes expulsé et devrez revenir un an plus tard, un an plus vieux, mais aussi plus sage des connaissances accumulées lors de vos précédentes tentatives. Et vous y retournerez, années après années, jusqu’à vaincre le Dragon… ou jusqu’à votre mort… Alors ? Finalement, vous n’êtes pas mieux, confiné, installé dans votre canapé, une manette Stadia dans la main ?
La genèse du jeu
Chronos : Before the Ashes est un jeu solo développé par Gunfire Games (Saga Darksiders) et édité par THQ Nordic. Classé dans les catégories Action / Aventure / RPG, son histoire est assez unique. Il fût d’abord lancé en 2016 sous le nom de Chronos comme un ambitieux jeu en réalité virtuelle accompagnant la sortie de l’Oculus Rift. Succès dans le monde de la VR, il a eu droit à une suite plus classique sur PC et consoles en 2019, Remnant : From the Ashes. Nouveau succès pour ce second volet qui incite THQ Nordic a ressortir le jeu original en Décembre 2020 pour l’ensemble des plate-formes afin qu’il soit accessible au plus grand nombre. Cette préquelle emprunte à plusieurs genres : un “Souls-like“ en ce qui concerne les combats, un « Zelda-like » pour l’aspect puzzle-game des niveaux, un RPG pour la gestion de la fiche du personnage, mais il invente aussi ses propres mécaniques comme le vieillissement de son héros pour former un jeu original avec un univers et un gameplay cohérent.
En voiture Simone
Au départ, vous choisissez uniquement le genre de votre personnage, son arme initiale et la difficulté du jeu : Facile est très accessible, Aventure vous donnera du fil à retordre au niveau des boss et Héroïque est à réserver à ceux qui sont en manque de Dark Souls. Le jeu se déroule en mode “Iron Man“, vous n’avez qu’une seule sauvegarde par personnage et c’est le système qui la gère. Vous ne pourrez pas recharger votre partie avant un combat mais la mécanique du « die and retry » est parfaitement gérée par le gameplay général du jeu.
Au tout début, votre petite barque vient d’accoster au pied d’un bâtiment abandonné depuis l’Érosion, balayé par une pluie cinglante. Le premier niveau consistera à remettre en route l’ordinateur et d’allumer l’ATLAD afin d’activer une Grande Pierre, le seul moyen de voyager vers le labyrinthe où attendent vos ennemis. Tous ceux qui ont pensé au mécanisme de l’Animus dans Assassin’s Creed en seront pour leurs frais car ces Grandes Pierres sont extrêmement bien intégrées dans le game design général. Vous trouverez plusieurs de celles-ci lors de votre aventure et elles serviront à la fois de points de retour après une année perdue et de moyens de voyage rapide pour explorer le labyrinthe. Une fois à l’intérieur du labyrinthe, qui sait si vous ne trouverez pas un allié inattendu dans votre quête ? On ne vous spoilera pas plus l’histoire mais sachez qu’elle est cohérente, des éléments de lore sont bien dosés à travers des écrits que vous pourrez trouver ou des conversations que vous aurez avec les rares PNJ. Vous ne serez jamais enseveli par des murs de texte.
La tête et les jambes
Le level design est vraiment un gros point fort de Chronos. Chaque Grande Pierre que vous allez activer, chaque objet que vous allez ramasser, chaque grille que vous allez relever, chaque porte que vous allez ouvrir et chaque boss que vous allez vaincre le restera pour la suite de l’aventure. Cela permet de débloquer un certain nombre de raccourcis qui permettent d’accéder rapidement aux parties les plus avancées du niveau lorsque vous reviendrez plus âgé. Votre première tâche pour chaque niveau sera donc de nettoyer les environs de tous les ennemis, de fouiller tous les recoins à la recherche d’objets utiles, de vérifier que vous n’avez oublié aucune porte. Ce serait dommage de vous apercevoir que l’objet dont vous avez besoin a été oublié trois niveaux auparavant. Ensuite, viendra le temps de comprendre ce que l’on attend de vous pour ouvrir le prochain raccourci ou résoudre la prochaine énigme et passer à la prochaine partie du niveau.
Une carte n’aurait pas été inutile pour ceux qui n’ont pas trop le sens de l’orientation mais il faut reconnaitre que les niveaux ne sont pas immenses non plus et que vous finirez forcément par vous y retrouver. Moins évident dès que vous récupérez un objet unique, forcez-vous à retourner l’observer dans votre inventaire où vous pourrez mieux comprendre son utilité, ou essayer de le démonter ou de le combiner avec un autre objet. Ça pourrait vous éviter de rechercher la solution à une énigme pendant une heure alors qu’elle est déjà dans votre sacoche. Dans l’ensemble, les puzzles ne sont jamais des épreuves qui vous bloquent gratuitement mais au contraire, des éléments bien intégrés au level design que vous devez résoudre pour continuer d’avancer.
Les mécaniques de game design autour du personnage sont une autre réussite de ce jeu. Chaque ennemi tué permettra de gagner de l’expérience et de progresser dans les niveaux. Chaque niveau vous permet de répartir deux points de caractéristiques entre Force / Agilité / Magie / Vitalité. Votre barre de santé ne remonte pas à la fin des combats. Vous avez deux moyens de la remplir à nouveau : monter d’un niveau ou utiliser un cœur de dragon. Utilisez ces derniers avec précaution puisqu’ils ne se rechargent que quand votre personnage perd une année de sa vie. Vous êtes sans cesse en train de soupeser le meilleur choix : utiliser un cœur de dragon avant de monter de niveau et vous l’aurez gâché. Ne pas l’utiliser et perdre un an et vous l’aurez aussi gâché.
Lorsque vous perdez une année, il y a tout de même plusieurs effets positifs. Tous les ennemis (sauf les boss) vont revenir peupler les niveaux que vous aviez nettoyé l’année précédente. Les battre à nouveau vous apportera donc de l’expérience pour monter encore plus en niveau. Ensuite, tous les dix ans, vous obtiendrez un trait qui vous permettra de gagner un boost dans une caractéristique donnée. Enfin, dernier effet positif, votre sagesse augmentera comme votre maîtrise de la magie. Mais par contre, plus vous vieillissez et plus vous perdez en force et en agilité et plus vous vous rapprochez de la fin du jeu. Votre arme et votre bouclier de départ peuvent aussi être changés ou améliorés. Les deux mécaniques sont un peu contradictoires car plus vous avez amélioré votre arme, moins vous aurez envie d’en changer. Chaque ennemi, en disparaissant, peut laisser un éclat que vous utiliserez pour améliorer vos armes. Sympathique au début, cette mécanique devient vite lassante, vous obligeant à passer de plus en plus de temps dans votre inventaire qui est loin d’être un modèle d’ergonomie, à ouvrir des coffres et combiner des objets ensemble.
En garde !
Les combats sont au cœur de Chronos avec une mécanique classique à trois composantes : barre de vie (lorsqu’elle tombe à zéro, signifie défaite et une année de perdue), une barre de vigueur qui baisse lorsque vous parez avec le bouclier (à zéro, il ne vous protège plus) et une barre qui se charge tout au long de vos combats. Une fois à 100%, vous pouvez déclencher votre « coup spécial » à tout moment. Vous avez trois types d’attaques : normale, puissante et puissante chargée, chacune prenant plus de temps pour s’exécuter et faisant plus dégâts. Concernant la défense vous pouvez parer au bouclier, donner un coup de bouclier pour interrompre votre adversaire ou faire une esquive. Que du classique donc.
Une fois que vous aurez démarré votre geste, plus moyen de l’interrompre : vous allez très vite vous en rendre compte. Ne vous lancez pas dans des attaques longues face à des ennemis plus rapide que vous. Chaque type d’ennemi possède un comportement au combat différent que vous devrez résoudre en l’observant. Pour tel ennemi, attendez l’attaque et répondez par une esquive suivi d’une attaque rapide. Pour tel autre qui possède beaucoup d’allonge, forcez le corps à corps et comptez sur votre bouclier pour vous protéger. Enfin, pour celui qui se planque derrière son immense bouclier, seule une attaque longue chargée pourra le déséquilibrer et vous offrir une ouverture. Un ennemi déséquilibré pourra être ensuite enchainé. Un ennemi dos au mur ne sera plus capable d’esquiver et vous pourrez alors l’enchaîner jusqu’à la mort.
Sous le mauvais angle
A l’inverse, évitez de vous retrouver coincé contre un mur à votre tour. Votre pire ennemi sera sans aucun doute la caméra, le plus gros point faible du jeu. Le jeu se déroule à la troisième personne afin que vous ayez une vue dégagée sur votre gestuelle et sur celle de vos ennemis afin de déterminer le meilleur moment pour attaquer. Alors quand la caméra, coincée par un mur, vous fait d’abord disparaitre de l’écran, puis fait apparaître en gros plan le visage de votre ennemi, vous perdez toutes les informations dont vous avez besoin pour combattre : L’ennemi est-il verrouillé ? Quels sont ses points de vie ? A quel moment de son geste est-il ? Vous vous contenterez d’appuyer comme un fou sur la gâchette de votre manette au risque de la casser en espérant que ça suffise. De la même manière, vous apprendrez vite à éviter les pas de porte pour vous battre et à gérer l’espace derrière vous car chaque esquive en consomme beaucoup.
Concernant le portage Stadia en lui-même, nous avons expérimenté plusieurs problèmes. Le plus important concerne les contrôles : au clavier, il est impossible de re-mapper les touches originellement WASD en ZQSD. Moins problématique mais gênant quand même, la manette est mal documentée. Dans l’inventaire, on vous suggère le bouton Y pour combiner deux objets ensemble alors qu’il s’agit du bouton X. C’est une erreur bête mais elle peut devenir bloquante pour certains joueurs à certains niveaux… La manette reste quand même le meilleur moyen de jouer à ce jeu. Enfin, à deux reprises, nous avons constaté des pertes de paquets importantes sans arriver à déterminer si le jeu ou le Wi Fi était la cause du problème. C’est dommage car le reste du temps le jeu tourne avec un solide 60 FPS et une bonne fluidité.
ON A AIMÉ
+ Le level design (la séquence bibliothèque/gardien, le service 16…)
+ Le mécanisme de vieillissement (die and retry)
+ Certains puzzles suffisamment ardus pour vous obliger à garder un papier/crayon à portée de main
+ Les nombreux succès se déclenchent aux moments clefs avec souvent un nom un peu décalé
+ Un jeu court (entre 10 et 15h) qui n’essaye pas de délayer la sauce
ON A MOINS AIMÉ
– Mortelles caméras
– Le crafting des armes, lassant
– Une map aurait été utile
– Un portage Stadia imparfait (contrôle clavier et manette, perte de paquets)
– C’est quoi ce trailer qui ne correspond absolument pas au jeu ?
Malgré quelques défauts, Chronos : Before the Ashes raconte une histoire dont on a envie de connaitre la fin. Les niveaux sont assez variés, le level design et les puzzles sont bien dosés. Certains niveaux comme celui de la bibliothèque ou du secteur 16 sont tout simplement excellents ! Le background qui mélange post-apocalyptique et fantasy est aussi une réussite. Si vous n’arrivez pas à passer un boss vraiment ardu, n’abandonnez pas le jeu mais recommencez avec la difficulté inférieure, ça serait dommage de ne pas connaître le fin mot qui se cache derrière cette histoire. Le jeu est au final assez court (entre 10h et 15h) ce qui nous semble être un élément positif.