C’est LE scoop. Google a (enfin !) ajouté une barre de recherche à Stadia. Enfin, plutôt à son service web. Dans un billet publié le 28/04/2021, Google a annoncé l’arrivée imminente de la barre de recherche sur le service web de Stadia, mais aussi de futures évolutions. Un coup de fraîcheur bienvenue, mais bien tardif. Signe du désintérêt de Google pour Stadia, ou projet plus ambitieux ? Analyse.
« Google n’implémente pas de barre de recherche dans leur service de jeu pendant 2 ans » ou encore « Le Stadia est une blague lmao », les gens se raillent sur Twitter. En effet, depuis son lancement le 19/11/2019, soit il y a un peu plus d’un an et demi, le service de streaming de jeux vidéo de Google ne disposait pas d’outils de recherche de jeux. Si au moment du lancement ce manque ne posait pas nécessairement de problèmes, au vu du peu de jeux dans le catalogue, cela est devenu de plus en plus problématique au fur et à mesure que le temps passe et encore plus pour les abonnés Stadia Pro qui déverouillent des jeux offerts tous les mois (plus de 80 jeux offerts depuis le lancement de Stadia).
C’est donc désormais chose faite. Stadia a une barre de recherche pour faciliter la recherche de jeux. Également en cours de déploiement, la possibilité de filtrer les jeux par genre dans sa ludothèque. Deux changements d’interface disponible uniquement en version Web actuellement.
Dans son article, Google annonce également plusieurs futures fonctionnalités : un flux d’activité pour partager ses créations (captures d’écrans, captures vidéos, streams, State Share), ainsi que la possibilité de supprimer par lot des ses captures, des fonctionnalités basiques également mais attendues depuis longtemps.
De quoi laisser penser que Google ne s’investirait pas assez dans Stadia, d’autant plus alors qu’ils ont annoncé en parallèle que « vous pourrez bientôt accéder à Stadia directement via un navigateur Web Android plutôt que d’ouvrir votre application Stadia ». Souhaiteraient-ils donc laisser tomber l’application mobile ? Stadia s’apprêterait donc à rejoindre très rapidement, comme cela a été prédit par de nombreuses personnes, le cimetière des projets que Google a tué ?
Un framework pour les gouverner tous et dans la lumière les lier
Sauf qu’avec Google, rien n’est aussi simple. En effet, si la plupart des “Stadiaters“ (contraction de Stadia et de haters) ne semble connaitre la firme de Mountain View qu’au travers de son cimetière, de nombreuses personnes ne savent sans doute pas ce sur quoi Google travaille actuellement – la liste des projets en succès de Google serait en effet trop longue à énumérer ici.
En l’occurrence, Google développe son propre framework open source de création d’applications mobile, appelé Flutter dont la version 2.0 est sortie début mars. Ce framework, basé sur le langage tout aussi open source Dart (et tout aussi éveloppé par Google) compte parmi ses applications vitrines… Stadia. Pas étonnant, me direz vous.
Le succès de Flutter 2.0 est tel qu’il a aussi été annoncé par Canonical comme étant le framework qui servira pour construire la future interface de son système d’exploitation Linux Ubuntu, très populaire. Et l’une des grandes nouveautés de cette nouvelle version du framework Flutter, c’est la prise en charge en version stable des applications mobile. Grâce à Flutter 2.0, il est désormais possible de créer avec une seule et unique base de code des applications Android légères et iOS, des applications Web, des applications natives Fuschia (le système d’exploitation de Google en cours de développement) ainsi que des applications natives Windows, Linux et MacOS (bêta).
Bref, plus besoin de maintenir et faire évoluer plusieurs versions d’un même site et Stadia va pouvoir profiter pleinement des développements fait en amont, surtout vu la quantité de supports sur lesquels la plateforme de cloud gaming est disponible.
L’interface, la partie émergée de l’iceberg
Outre le travail fait par les ingénieurs de Google sur le framework, il est aussi nécessaire de rappeler que l’interface utilisateur n’est que la partie émergée de l’iceberg. Tout repose en réalité sur des logiques métier invisibles pour l’utilisateur.
Par exemple, un champ de recherche, ce n’est pas simplement un appel à une base de données, c’est avant tout l’indexation de ces données afin de fluidifier la recherche, l’implémentation de l’auto-complétion, le support de la charge (le nombre de requêtes de recherche effectuées à la seconde). Il ne faudrait pas que le service plante parce-que tout le monde est en train d’utiliser la barre de recherche, n’est-ce pas ? Rappelez-vous au début du confinement, lorsque les principaux sites des grandes distributions françaises sont tombés en panne. C’est ce que nous voudrions éviter pour notre plateforme préférée…
Depuis peu également, il est possible pour les utilisateurs américains de gérer directement leur abonnement Ubisoft+ dans l’application Web Stadia. Là encore, une logique métier a dû être implémentée.
Et c’est bien évidement le cas aussi avec la partie flux d’activité, ou la gestion des captures qui demandent énormément de travail invisible en amont. Et c’est un aperçu du fruit de tout ce travail accompli que Google nous propose aujourd’hui.
Le crédo de Google a toujours été de faire des applications qui fonctionnent et surtout, qui fonctionnent bien, pour rendre l’expérience utilisateur incroyable. Mais pour se faire, cela repose sur la conception de systèmes extrêmement complexes où rien n’est laissé au hasard. Pour paraphraser Michelle Obama, on peut dire qu’il n’y a pas de magie mais du travail acharné, des choix et de la persévérance pour faire de Stadia, l’expérience de cloud gaming la plus agréable qui soit.
Et qu’importe les esprits chagrins qui pensent Stadia mort depuis sa naissance, la plateforme, encore jeune enfant, ne cesse d’évoluer tel un vilain petit canard moqué. Mais ici, nous le savons, dans quelques années, quand Stadia aura atteint sa maturité, les canards se retrouveront bien malins de rivaliser face au plus majestueux des cygnes.