Control : Remedy marque à nouveau l’Hiss-toire

Remedy Entertainment est loin d’être un novice dans l’industrie et vous connaissez sans doute, ne serait-ce que de nom, certaines des licences ou personnages que le studio a créé. Max Payne et Alan Wake, ça vous dit forcément quelque chose, non ? Absents pendant plusieurs années, les développeurs finlandais travaillaient sur leur prochain titre, Control, qui est sorti initialement en 2019 et a clairement marqué les esprits. Après un Quantum Break certes réussi mais jugé trop générique par certains, Remedy proposait alors un jeu d’action à la troisième personne totalement fou et unique en son genre. Aux frontières du réel, la vérité est ailleurs. Jesse Faden remet donc les pieds au Bureau Fédéral de Contrôle, sur Stadia cette fois-ci, bien décidée à retrouver son frère et à mettre un terme à la menace représentée par le Hiss.

Ce test a été réalisé grâce à une clé fournie par Google, un grand merci à eux pour leur confiance.

Bienvenue dans l’Ancienne Maison

Il y a 17 ans, la jeune Jesse Faden et son frère Dylan subissent un traumatisme en se retrouvant confronté à un évènement mystérieux et inexpliqué. Suite au grave accident qui a suivi, le gouvernement s’est rendu sur place et a kidnappé Dylan sans donner la moindre raison. Depuis ce jour, Jesse, accompagnée de Polaris – une entité extra-dimensionnelle dont elle a fait la connaissance pendant cet événement – ne nourrit qu’un seul désir : retrouver la trace de cette agence gouvernementale et sauver son frère. Et c’est chose faite lorsqu’en 2019, après avoir cumulée plein de petits boulots et survécue comme elle a pu, Jesse, toujours guidée par Polaris, retrouve l’entrée de l’Ancienne Maison, le siège du Bureau Fédéral de Contrôle.

À peine y aura t-elle mis les pieds que la jeune femme se retrouvera prise au piège de cette étrange bâtisse aussi mystérieuse de part son architecture changeante que de part les gens qui y travaillent. Se retrouvant malgré elle directrice de l’établissement, elle aura alors toutes les clés en main pour l’explorer de fond en comble et tenter de retrouver Dylan. Mais elle découvrira aussi qu’une dangereuse menace s’est échappée du Bureau, le Hiss, qui prend possession des êtres vivants et tente d’exterminer Jesse… La jeune femme pourra t-elle s’en débarrasser, retrouver son frère et percer tous les secrets de l’agence ?

Tango finnois

C’est la première chose qui frappe lorsqu’on fait ses premiers pas dans Control : le titre de Remedy Entertainment dispose d’une ambiance absolument unique en son genre. On s’en rend très vite compte lorsque dès les premières minutes, on souhaite revenir sur ses pas et qu’on constate que l’entrée a disparu… Le Bureau Fédéral de Contrôle est un lieu polymorphe totalement dément où travaillent des chercheurs qui le sont encore plus. Ils ne savent pas ce qu’ils font, ils ne maîtrisent pas grand-chose et ressemblent plus à des savants fous qu’à des intellectuels rigoureux.

L’ensemble baigne dans un univers très particulier qui fait penser à des séries comme X-Files, comme si l’Ancienne Maison était restée figée dans les années 60 avec ses bureaux administratifs d’époque et ses laboratoires tout aussi coincés dans cette période. Il faudra vous accrocher pour ne pas être perdu en cours de route tellement l’histoire est fantastique (dans tous les sens du terme) et surtout prendre le temps de lire et écouter les innombrables documents et enregistrements qui donnent une quantité incroyable de détails sur l’histoire du bâtiment, les différents phénomènes rencontrés, sur le Hiss lui-même, etc.

La progression du joueur est assez linéaire malgré les environnements semi-ouverts et les nombreux aller-retours effectués au gré de l’histoire principale et des quêtes annexes données par les différents protagonistes. On se laisse embarquer par les objectifs qui nous sont attribués et on se perd bien volontiers dans les couloirs de ce labyrinthe géant où chaque grande zone est interconnectée avec d’autres. La carte aide un peu à s’y retrouver mais n’est pas très précise, vous devrez vraiment apprendre à connaître l’immeuble, ses différents départements et ramifications.

Le visage de l’ennemi

On ne vous en dira pas plus car on ne voudrait pas vous spoiler le moindre détail sur cet univers complètement barré et décalé mais tellement jouissif à découvrir. À moins d’y être totalement hermétique, vous prendrez énormément de plaisir à évoluer dans ce microcosme étrange autant rempli de mystères que de dangers. Oui, vous ne l’avez pas déjà oublié, mais le Hiss rôde dans le moindre couloir et il vous mettra des bâtons dans les roues. Heureusement pour vous, en tant que directrice, vous avez de quoi vous défendre.

Control est un TPS (Third Person Shooter) c’est-à-dire un jeu de tir à la troisième personne où vous évoluez en visualisant l’héroïne avec une caméra surélevée située derrière elle. Jesse Faden est capable de manipuler une arme très particulière sobrement appelée “L’arme de service“ uniquement utilisable par le directeur actuel de l’établissement. C’est une arme capable de se transformer, tout comme l’Ancienne Maison, et qui peut donc s’utiliser comme pistolet simple ou fusil à pompe voire fusil sniper ou arme à fragmentations.

D’une simple pression sur une touche, vous pouvez alterner entre deux formes sachant que chacune d’entre elles dispose de ses avantages et de ses inconvénients en fonction des différents types d’ennemis que vous rencontrerez. En plus de cette arme, la jeune femme va développer de nouveaux pouvoirs grâce à l’aide du Comité, une entité paranormale qui vit dans le Plan Astral et qui semble donner des ordres au directeur du Bureau. Ses pouvoirs sont divers et variés et seront utiles autant pendant les phases d’action que pendant votre exploration minutieuse des lieux.

Jesse peut, entre autres, soulever des objets puis les lancer dans une direction ou sur une cible, ce qui est très pratique pour se débarrasser du bouclier de certains ennemis par exemple. Elle peut aussi faire une esquive dans une direction donnée, un mouvement utile en combat mais qui permet aussi, combinée au saut, de pouvoir atteindre des plateformes plus éloignées. Ajoutons à cela la faculté de pouvoir se créer un bouclier ou même de pouvoir léviter pour obtenir une panoplie de possibilités très intéressantes.

Vous ne serez donc pas démuni face à tous les dangers qui rôdent dans l’Ancienne Maison et ils sont nombreux. Les ennemis sont assez variés et ont tous un comportement différent et une approche différente nécessaire à adopter pour pouvoir vous en débarrasser. Que ce soit ceux qui vous foncent dessus sans fléchir, ceux qui volent et esquivent vos attaques, ceux capables d’utiliser des armes dont des lance-grenades bien pénibles, vous devrez adapter votre stratégie en fonction de quel genre d’adversaire vous menace.

Une bonne défense

Même s’il s’agit principalement d’un jeu d’action et de tir, Control se targue d’un petit côté RPG bien vu et intéressant. Ainsi, tous ces éléments pourront être améliorés aux différents points de sauvegarde (et de déplacement rapide) disséminés un peu partout dans le bâtiment. Les multiples facettes de l’arme de service peuvent être améliorées grâce à différents matériaux lâchés par les ennemis et adjointes de modules trouvés un peu partout. Ces modules permettent de s’octroyer des bonus comme augmenter votre précision ou les dégâts infligés, améliorer votre vitesse de rechargement ou votre cadence de tir. Certains modules peuvent même être équipés directement sur Jesse pour augmenter sa santé maximale, son endurance, etc.

Ces modules sont classés en différentes raretés qui augmentera naturellement au fil de votre aventure et au fur et à mesure que vos ennemis deviennent plus coriaces allant de Commun jusqu’à Extraordinaire voire Éternel. Mais en plus, vous pourrez aussi améliorer vos propres capacités via un petit arbre de compétences où vous allouerez plus ou moins de points en fonction de vos préférences. Vous aurez ainsi la possibilité d’enrichir vos pouvoirs avec des nouveautés comme pouvoir renvoyer les projectiles des ennemis. Très utile, par exemple, pour renvoyer les grenades sur ceux qui les ont lancé…

Pour vous aider à récupérer les matériaux dont vous aurez besoin ou pour tenter d’obtenir le module parfait, sachez que les ennemis reviennent toujours au bout d’un moment. Si jamais cela n’est pas suffisant, le Comité vous affectera régulièrement des tâches annexes et limitées dans le temps qui vous demanderont de vous rendre à un endroit particulier pour vous débarrasser de certains ennemis, par exemple. Ces contrats sont souvent un peu relevés mais la récompense vaut généralement la peine qu’on s’y attarde.

Quel bazar

Control est donc un TPS à l’univers complètement décalé et disposant d’un excellent gameplay très bien huilé. On arpente les bureaux de l’agence avec autant de curiosité que de crainte tout en essayant de comprendre ce scénario digne des meilleurs épisodes de X-Files et Twin Peaks. Malheureusement, il faut avouer que le bilan technique n’est pas aussi réussi que le reste du titre. En même temps, soyons honnête, Control n’a jamais été un jeu situé dans le haut du classement en terme de graphismes.

Même sur les autres plateformes, lors de sa sortie en 2019, le résultat était un peu bancal entre une direction artistique époustouflante capable de retranscrire à merveille le surréalisme de l’Ancienne Maison et une technique en-deça de ses ambitions, surtout sur les consoles current gen. À côte de ça, force est de constater que sur les PC dernier cri et sur next gen, les péripéties de Jesse Faden prennent une toute autre envergure, en toute logique. Alors avec tous ces éléments, qu’en est-il concrètement de ce portage sur Stadia ?

L’hôtel Oceanview, un lieu hors du temps et mystique, carrefour entre les dimensions

Control dispose de deux modes, un mode Performances 1080p / 60fps et un mode Graphismes 1440p / 30fps. Dans ce dernier, le jeu ne tourne pas donc pas en 4K mais on obtient malgré tout un beau résultat, assez proche d’ailleurs de ce que peut proposer la version GeForce Now, le Ray Tracing en moins, bien sûr. ll reste un peu d’aliasing mais l’ensemble est très propre avec de belles textures, des effets de lumière incroyables et une gestion des ombres améliorée avec l’occlusion ambiante. On se retrouve juste un peu en-dessous, donc, à cause de la résolution inférieure et d’un manque général de finesse.

Le mode “Performances“ ne performe malheureusement pas suffisamment dans ce portage sur Stadia

Par contre, lorsqu’on passe en mode Performances, c’est un peu la perte de contrôle si on peut dire. Les textures manquent de finesse, le jeu souffre d’un aliasing bien prononcé et on dirait que la modélisation des personnages – même si ce n’est pas le point fort de Control – a rétropédalé à la génération inférieure. Ça fait le job, dirons-nous, mais ce n’est vraiment pas toujours très plaisant à regarder même si dans le feu de l’action, ce n’est pas forcément flagrant. Pourtant, on le sait, Stadia est capable de faire bien mieux que ça, c’est donc bel et bien le portage du jeu qui est en cause ici.

Mais nous n’allons pas jeter la pierre aux développeurs finlandais pour qui il s’agit du premier jeu sur Stadia. On espère donc surtout qu’ils vont rapidement mettre à jour leur titre pour améliorer ce bilan technique maussade. Gardons en tête également qu’en ce qui concerne Control sur les plateformes de cloud gaming, la version Stadia s’en tire avec les honneurs d’autant plus que nous avons affaire pour le même prix à la version Ultimate du jeu qui contient l’ensemble des contenus additionnels et notamment les deux extensions, The Foundation et AWE.

Évènement d’Altération de Monde

Comptez entre 20 et 30h pour venir à bout de l’intrigue de Control, quêtes secondaires inclues. Une durée de vie plutôt honnête mais clairement pas suffisante si, comme nous, vous avez pris votre pied dans cette univers surnaturel complètement barré et mystérieux. Si vous en voulez encore plus, sachez que nous avons la chance d’avoir directement sur Stadia l’édition Ultimate du jeu, c’est-dire une édition qui comprend l’intégralité des contenus additionnels et extensions. À vous les costumes alternatifs pour Jesse mais surtout deux nouvelles enquêtes qui succèdent avec brio à l’histoire principale du titre et qui ajoutent à elles deux environ une quinzaine d’heures de jeu.

On ne va pas vous spoiler bien évidemment mais sachez que dans The Foundation, vous allez devoir vous rendre dans les tréfonds de l’Ancienne Maison, là où tout a commencé. Vous allez en apprendre davantage sur le passé du Bureau Fédéral de Contrôle et sur le Comité. Tout simplement excellent et passionnant ! Dans AWE – ou EAM en français pour Évènement d’Altération de Monde, chouette petit nom donné aux scientifiques à ces évènements surnaturels sur lesquels ils enquêtent – vous allez même découvrir que l’histoire de Control pourrait s’imbriquer avec les autres licences de Remedy Entertainment. Ceux qui connaissent donc bien le studio seront probablement ravis !

ON A AIMÉ
+
Une direction artistique incroyable avec panoramas et effets de lumière saisissants
+ Un univers surnaturel et fantastique qu’on a toujours plus envie d’explorer
+ Des combats intenses et haletants grâce aux pouvoirs grisants de Jesse

ON A MOINS AIMÉ
Un portage qui aurait pu faire beaucoup mieux en mode “Performances“

Control est un véritable chef d’oeuvre. En compagnie de Jesse Faden, vous allez plonger dans un univers surnaturel et surréaliste qui ne vous laissera pas indifférent. Entre ses gunfights haletants, la montée en puissance de son héroïne et ses pouvoirs grisants et son histoire qui flirte avec les meilleurs récits du genre, on vit une épopée narrative, certes un peu linéaire, mais hors du commun dans ce bâtiment qui l’est tout autant, plongé dans une ambiance incroyable retranscrite à merveille grâce à des jeux de lumière saisissants et une direction artistique de haut vol. On regrettera cependant un portage sur Stadia un peu feignant qui s’en sort aussi bien en mode Graphismes qu’il fait le strict minimum en mode Performances. Mais que cela ne vous empêche pas de découvrir cette pépite. Bienvenue au Bureau Fédéral de Contrôle.

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