Figment : une aventure réussie sans être un ténor du genre

Vous ne connaissez probablement pas Bedtime Digital Games mais peut-être avez-vous déjà entendu parler de leurs précédents jeux Back To Bed ou Chronology. En effet, le petit studio indépendant n’en est pas à son premier coup d’essai et après avoir manipulé le temps et commencé à sonder l’esprit, ils poussent l’incursion dans les méandres du cerveau plus loin avec Figment, une aventure musicale aussi haute en couleurs que dramatique. Suivez la partition, on vous en dit plus.

Le feu n’a plus de fumée quand il est devenu flemme

Nous incarnons Dusty, un être étrange extrêmement paresseux, affublé d’oreilles de souris et d’une écharpe. Un éternel grincheux qui ne souhaite qu’une chose : être tranquille. Mais alors qu’il fait une sieste dans son fauteuil, son insupportable (d’après lui, en tout cas) acolyte Piper, une sorte de toucan guillerette, vient le sortir de son sommeil. Bien décidé à ce que sa journée continue à se dérouler comme il l’entendait, il décide d’aller chercher des glaçons non loin de là pour savourer sa boisson préférée.

Pourtant, à son retour, l’album photo qu’il feuilletait et qu’il chérit tant a disparu ! Le coupable n’est cependant pas loin : il s’agit d’un monstre malveillant, un véritable cauchemar que Dusty va devoir pourchasser pour récupérer son bien. Ce sera le début d’une épopée à travers l’Esprit, un monde totalement surréaliste, dont notre héros était autrefois le garant du courage. Bien loin de la lumière incandescente qu’il représentait autrefois, Dusty n’était pas ce ronchon égoïste qu’il est aujourd’hui. Mais qui sait, peut-être que ce voyage à travers les différents mondes du subconscient lui permettra de redevenir ce héros d’antan, un héros malgré lui, certes, mais un héros quand même.

Une aventure en crescendo

Figment est un jeu d’aventure et d’action narratif et la première chose qui frappe, ce sont les graphismes, entièrement dessinés à la main. Le résultat est bluffant et on a souvent l’impression de se retrouver à l’intérieur de tableaux de peintres décalés. Les différentes régions parcourues nous noient dans des univers musicaux où se mélangent nature et instruments de musiques, bâtiments et rouages. Un style haut en couleurs où visuels parfois flamboyants, parfois sombres, s’entrechoquent dans cet Esprit en proie à de nouvelles émotions bien ténébreuses…

En effet, de nombreux cauchemars sont apparus, en plus du voleur d’album photo, et ceux-ci sont bien déterminés à plonger le monde de Dusty dans le néant. Pour parvenir à ses fins – et aux siennes uniquement – l’ancien soldat pourra compter sur son épée qui, un peu à son image, a perdu de sa superbe. Une métaphore adéquate pour le titre des développeurs danois dont le système de combat n’a pas de quoi claironner et qui manque vraiment de dynamisme. Un constat valable pour l’ensemble du jeu, par ailleurs, mais après tout, ce n’est pas là que réside pas sa plus grande force.

Au-delà de cette action un peu molle, c’est principalement grâce à son monde mystérieux et rempli d’énigmes en tout genres qu’il nous met au diapason. Chaque région que vous allez visiter est articulée autour d’un concept et les différents puzzles auxquels vous ferez face sont en accord avec ces thèmes. Par exemple, dans le monde de la Créativité, vous devrez avancer en faisant tourner des moulins à vent. Mais certains n’ont pas de poignée et vous devrez donc jongler avec celles dont vous disposez pour progresser. Ces énigmes thématiques sont mélangées à d’autres plus classiques comme rejouer une mélodie, pousser des blocs ou allumer des cases dans un certain ordre. Dans tous les cas, rien de très difficile même si la complexité s’invite au spectacle au fur et à mesure de votre avancée.

Une belle partition mais un peu courte

L’autre élément qui nous frappe également, c’est l’environnement sonore de Figment, une ode à l’aventure toute aussi bariolée qu’elle qui nous plonge à merveille dans cet univers. Nous proposant tantôt un beau mélange entre guitare sèche et boîte à musique, piano et basse ou encore accordéons et tambours, c’est un vrai régal pour les oreilles. Qu’on ne s’y trompe pas, ce n’est pas une bande originale composée pour rester dans les mémoires mais elle accompagne à merveille l’épopée de Dusty. Et que dire des différents boss que vous allez rencontrer, le tout en chansons !

Le seul véritable bémol que nous pourrions formuler au sujet du jeu de Bedtime Digital Games, c’est à propos de sa durée de vie. Non seulement il n’est pas très difficile malgré la complexité qui s’invite au spectacle au fur et à mesure, mais l’aventure elle-même n’est pas très longue. Une poignée d’heures à peine suffiront à vous donner des trémolos dans la voix alors que défile le générique de fin. Peut-être un peu plus si vous visez le 100% en trouvant tous les secrets que vous pourrez au cours de vos pérégrinations. Cela dit, avec son petit prix de 11,99€, on lui pardonne bien volontiers cet écueil. D’autant plus qu’il est accessible gratuitement depuis le 1er janvier si vous êtes abonné Stadia Pro.

ON A AIMÉ
+ Le style graphique dessiné à la main et la direction artistique complètement décalée
+ La bande originale et ces thèmes totalement inattendus (les chansons des boss ?!)
+ Une aventure pleine d’énigmes qui lorgne du côté des point n’ click traditionnels

ON A MOINS AIMÉ
Le manque de dynamisme des combats
La durée de vie qui ne dépasse pas les six ou sept heures même pour le 100%

Figment est une très belle surprise qui, malgré quelques fausses notes, est suffisamment bien orchestrée pour vous accompagner le temps d’une journée toute en mélancolie. Le voyage de Dusty n’est effectivement pas bien long mais se parcoure avec le plus grand des plaisirs, autant visuels qu’auditifs. On en prend plein les yeux, et les oreilles donc, en parcourant ce monde magnifique et complètement décalé qui nous met pourtant face à une réalité bien sombre. Si vous aimez les jeux d’aventure et les énigmes, vous auriez bien tort de ne pas vous laisser porter par la musique.

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