Jotun Valhalla Edition : Yggdrasill, tenging hinna niu heima

Avant de nous faire profiter d’un voyage de toute beauté en compagnie de Stella dans Spiritfarer, le studio Thunder Lotus Games ont eu l’occasion de peaufiner leur style graphique si particulier avec d’autres jeux comme Jotun, qui nous est parvenu sur Stadia le 26 mai dernier. Bien loin de la bienveillance si caractéristique de l’épopée de la passeur d’âmes, le studio nous propose pour sa première création une brève aventure baignée dans la mythologie nordique où il est question de rédemption et de prouver sa valeur aux yeux des Dieux.

Odin jusqu’à cinq

Vous incarnez Thora, une valeureuse guerrière Viking qui, malheureusement, va connaître un destin aussi tragique qu’absurde. Et à cause de cela, elle se voit refuser l’accès au Valhalla, un destin pourtant si cher à ses yeux de combattante. Mais comme faisant écho aux oreilles des Dieux, sa détermination va lui permettre d’obtenir une seconde chance. Si elle parvient à trouver et anéantir les cinq grands jötunns, elle pourra accéder à l’ascension vers ce lieu où reposent les guerriers défunts les plus courageux. Une tâche qui sera loin d’être facile car ces différents géants – qui représentent tous ou presque un élément primordial comme la nature, le feu, la glace ou la foudre – se cachent dans leur tanière.

Pour les débusquer, Thora va donc devoir explorer ces cinq territoires tous reliés à Ginnungagap, le hub principal du jeu. Chacune de ces contrées reposent sur un thème particulier et une ambiance unique mais tous suivent en réalité le même schéma : trouver deux runes qui permettront à la guerrière d’accéder à sa cible. Autant vous prévenir tout de suite : Jotun est un jeu difficile et qui ne pardonne pas. Les possibilités de la guerrière Viking semblent bien limitées face à des monstres de cette taille – tout au plus peut-on utiliser sa hache, réaliser une attaque chargée et effectuer une roulade – et chaque coup reçu entame la barre de vie de manière très significative. Votre toute première confrontation risque fort de se solder par plusieurs morts avant d’appréhender la jouabilité et les patterns du premier boss.

Mythes aux logiques

Fort heureusement, au sein de ces différentes régions se cachent de nombreux secrets et vous aurez tout intérêt à explorer minutieusement votre environnement. Vous pourrez ainsi trouver des Pommes d’Ithunn, un fruit sacré qui augmente le niveau maximum de votre santé ou encore débloquer des pouvoirs divins en priant aux pieds de statues représentant certaines divinités plus amicales. Vous obtiendrez différents types de pouvoirs comme le fait de récupérer de la santé, de générer un leurre pour attirer les ennemis ou encore de vous déplacer plus rapidement.

Pour découvrir l’ensemble de ces secrets, Thora sera souvent mise à l’épreuve mais pas nécessairement par la force. Ainsi, son périple sera régulièrement interrompu par des défis mettant à l’épreuve son esprit (et donc le vôtre) comme cette énigme emblématique qui vous demande de reproduire des constellations. Il s’agit d’un aspect vraiment très appréciable du jeu d’autant plus que ce dernier ne vous communique, pour ainsi dire, aucun indice. Un manque de verbosité qu’on retrouve d’ailleurs dans toutes les ramifications du jeu. Que ce soit pendant votre exploration ou pendant vos douloureux combats, aucune indice clair ne vient vous aider. Même la carte est réduite à sa plus simple expression. Vous avancerez pas à pas en apprenant de vos erreurs et en étant vigilant aux moindres petits détails qui pourraient vous mettre la puce à l’oreille.

De la même façon, la narration est reléguée au second plan avec, le plus généralement, la voix de la guerrière qui se remémore certains événements de son passé ou commente ce qui est en train de se passer. Toutefois, on apprécie tout particulièrement le fait que ces monologues et autres interactions vocales soient entièrement doublées en islandais. Si cela sonne un peu étrange à l’oreille de prime abord, cela donne un cachet vraiment unique au jeu. Le tout est accompagné d’une excellente bande originale qui souligne tout aussi bien le côté mystique de l’aventure que les moments de tensions lors des affrontements contre les jötunns.

Impar-Fé

Mais là où le jeu brille tout particulièrement, c’est au niveau de sa direction artistique si chère aux développeurs canadiens. Même si le trait est beaucoup moins fin que dans leurs plus récentes productions, force est de constater que dès leur premier essai, ils avaient déjà trouvé leur style. L’ensemble du jeu est dessiné à la main et animé avec beaucoup de détails. Il suffit d’ailleurs de voir l’apparition du premier jötunn pour en être convaincu. Le jeu n’hésite pas non plus à offrir de beaux panoramas à plusieurs reprises en reculant la caméra du personnage. Malheureusement, cette caméra est également l’un des petits points négatifs que nous pouvons déplorer. Ce fameux zoom arrière bien pratique vous mettra parfois des bâtons dans les roues, ou à l’inverse, elle se retrouvera trop prêt du personnage et vous empêchera d’anticiper certaines attaques de vos adversaires. Les combats contre les jötunns sont déjà assez difficiles en soi, il n’y avait vraiment pas besoin d’ajouter un handicap supplémentaire.

Au niveau des griefs, et en fonction de vos affinités, on peut citer également le manque d’indications du jeu que nous avons cité précédemment. Certains aimeront découvrir tous les secrets de ces différents royaumes par eux-mêmes, d’autres se diront qu’ils auraient bien aimé une carte plus précise ou quelques indicateurs opportuns. Enfin, sachez pour finir que le jeu est relativement court, très court même. Comptez entre cinq et dix heures en fonction de vos facultés à analyser les patterns de vos ennemis et à les occire. Si vous aimez souffrir, la version Valhalla Edition proposée sur Stadia ajoute un mode éponyme qui vous permet de vous mesurer aux jötunns à volonté mais dans une version encore plus dangereuse que dans le jeu original. S’accompagnent à ces joutes surboostées un chronomètre et une analyse de vos combats afin de vous attribuer un score et de vous mesurer aux autres joueurs dans un classement.

ON A AIMÉ
+ Les graphismes dessinés à la main et les animations très détaillées
+ Le jeu ne nous prend pas par la main et nous laisse découvrir son monde et ses codes

ON A MOINS AIMÉ
Une aventure très difficile mais qui sait récompenser les plus téméraires
Le voyage est aussi court que douloureux

Jotun est une expérience aussi courte qu’ardue mais ceux qui oseront accompagner Thora dans sa quête vers le Valhalla découvriront un jeu très réussi qui les emportera grâce à sa très belle patte graphique dans une aventure douloureuse et mystique. Un premier essai réussi bien qu’imparfait pour Thunder Lotus Games qui nous prouvera par la suite la maîtrise de son style et l’excellence de ses idées. Si jamais vous hésitez à faire vos premiers pas à Ginnungagap, sachez qu’au moment de l’écriture de ce test, Jotun est offert gratuitement dans le catalogue Stadia Pro. Son faible prix pourra, dans le cas contraire, convaincre certains réticents.

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