Lost Words : Beyond the Page, mamie disait toujours…

Dans le monde du jeu indé, il y a un événement récurrent qui regroupe de nombreux développeurs et cristallise toujours d’innombrables idées : les Game Jam. Le but de ces événements est de créer un jeu vidéo autour d’un thème pré-défini en un temps limité et de ces contraintes naissent souvent de très belles créations. Lost Words : Beyond the Page en est l’une d’elles. Développé par Sketchbook Games, suite à la participation de son fondateur au Ludum Dare de 2013, le jeu nous fait vivre le quotidien d’Izzy, une jeune fille qui tient un journal et dont les mots vont prendre vie sous nos yeux afin de nous faire découvrir sa vie et l’univers qu’elle crée au fil de ces pages.

Il fait toujours plus noir avant l’aube

Lost Words : Beyond the Page est un jeu de plate-formes narratif qui vous met successivement dans la peau d’une incarnation de l’adolescente qui parcoure son journal et dans la peau de l’héroïne de l’univers qu’elle construit au fur et à mesure. Lorsque nous sommes dans le journal, le but est de traverser les pages en se frayant un chemin grâce aux mots écrits par la jeune fille et en interagissant avec les dessins qu’elle y griffonne. On découvre alors plus de détails sur sa famille et sur sa vie mais ce qui au départ ressemble à une vie assez tranquille va se transformer petit à petit en véritable épreuve de la vie.

Régulièrement, Izzy s’évade donc dans un monde qu’elle a inventé – Estoria – où l’héroïne à son image doit partir à la recherche des lucioles qu’un imposant dragon a volé tout en semant le chaos sur son passage. Heureusement, cette héroïne est une magicienne et armée de son grimoire, elle peut modifier son environnement en utilisant certains mots mystiques. Elle peut par exemple surélever certaines parties du décor, détruire certains obstacles ou à l’inverse réparer ce qui est cassé. Différents chapitres se succèdent ainsi alternant entre les nouvelles pages écrites dans le journal et les immersions à Estoria.

On ne peut pas garder les choses éternellement…

Soyez prévenus, si vous êtes un minimum sensible, le paquet de mouchoirs sera de rigueur car l’histoire qui nous est contée n’est pas des plus joyeuses. Ecrite par Rhianna Pratchett, fille du célèbre Terry Pratchett, elle aborde des thèmes très sombres et met en lumière comment les enfants – mais aussi les adultes – font face à certaines tragédies. Nous découvrons ainsi au fil des pages ce que ressent la jeune fille et les différents stades d’acceptation qu’elle traverse face à certains événements. Chaque séjour dans le monde fictif de la petite Izzy est une façon pour elle de faire face à tout cela. Une écriture intelligente donc, et des émotions sublimées par une magnifique bande originale qui accompagne les différents moments de ce voyage intime représentées par une jolie 2.5D plus qu’honnête.

En ce qui concerne le jeu en lui-même, le voyage ne dure malheureusement pas assez longtemps. Moins d’une dizaine d’heures suffiront pour que le générique de fin se déroule sous vos yeux humides. Si vous avez envie de partager encore quelques moments avec Izzy et son univers charmant, vous pourrez partir à la recherche de toutes les lucioles cachées dans les différents chapitres mais sachez que ça n’aura aucune conséquence si ce n’est compléter les derniers dessins dans le journal de la jeune fille. Ce n’est pas un challenge bien difficile de les trouver, il est même probable, à quelques rares exceptions près, que vous les trouviez toutes lors de votre premier passage.

… elles doivent vivre dans nos souvenirs.

Avant de tourner la dernière page de ce test, parlons un peu du bilan technique même si, petite production oblige, on ne peut pas avoir les mêmes exigences qu’avec un studio de grande envergure. D’autant plus que le résultat, sans être parfait, est largement acceptable. Comme pour beaucoup de bugs, tout dépendra de votre malchance une fois manette en main, la faute principalement aux sauts assez lunaires du personnage. Il n’est alors pas rare de tomber ou de se retrouver coincé à un endroit indésirable. Plus gênant, certains points de ré-apparition se trouvent aux mauvais endroits et peuvent bloquer définitivement votre progression avec pour seule solution de tout recommencer. C’est à ce moment précis qu’on reste bouche bée d’incompréhension devant certains choix opérés comme le fait qu’il soit impossible de recommencer le chapitre en cours par exemple, à part une fois le jeu terminé. Soyez donc vigilant, quitte à utiliser les trois emplacements de sauvegarde à votre disposition. Ça serait dommage d’arrêter la lecture de ce récit en cours de route.

ON A AIMÉ
+ Une belle histoire qui risque de coûter aux plus sensibles quelques mouchoirs
+ La musique est toute aussi belle que le voyage imaginaire d’Izzy

ON A MOINS AIMÉ
On regrette que l’aventure se termine si vite
Quelques bugs un peu énervants sont à déplorer

Les mots sont peut-être perdus mais nous, nous avons trouvé un jeu original et plein de charme qui se laisse parcourir sans déplaisir quitte à en avoir les larmes aux yeux. Bien sûr, les émois de la petite Izzy et son univers enchanteur n’intéresseront sans doute que les amateurs de jeux narratifs mais avec son faible prix, vous pourriez malgré tout peut-être vous laisser tenter. Une poignée d’heures pleines de douceur entre deux AAA qui tâchent, ça ne fait pas de mal de temps en temps.

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