Aujourd’hui, nous allons voyager dans le temps et revenir une décennie en arrière, direction : les fraîcheurs de l’hiver 2011. On digère à peine les trop nombreuses crêpes mangées pour la chandeleur que débarque Shantae : Risky’s Revenge, la suite du jeu éponyme sorti en 2002 sur Game Boy Color. Disponible à l’époque uniquement en dématérialisé sur Nintendo DSi, celle-ci nous confrontait à nouveau à la vile pirate Risky Boots – bien décidée à faire encore des siennes – dans un cocktail toujours aussi détonnant de plateformes et d’action. Sorti depuis sur PS4, PC et iOS, le deuxième épisode de cette excellente licence qui a reçu les louanges des critiques nous arrive aujourd’hui sur Stadia, l’occasion pour vous de rattraper votre retard. Mais attention, qui dit jeu rétro, dit attentes rétro. Êtes-vous prêt à vous laisser charmer par les danses de Shantae, même si celles-ci sont pixelisées ?
Un grand merci à LU6.1 sans qui ce test n’aurait pas été possible.
Bienvenue à Sequin Land, mon ange !
La vie est à nouveau tranquille à Sequin Land depuis que Shantae a botté les fesses de Risky Boots, sa pire ennemie de toujours. Celle-ci avait en effet essayé de voler un prototype de moteur à vapeur qui lui aurait permis de semer le chaos dans le monde entier. C’est donc avec crainte que notre demie-génie assiste aujourd’hui à l’exposition annuelle des chasseurs de trésors où son oncle Mimic doit présenter sa toute nouvelle découverte : une lampe à huile ancestrale.
Et bien entendu, comme prévu, Risky Boots déboule tout d’un coup et vole la fameuse relique. Pendant l’assaut, Shantae est blessée et à son réveil, la pirate a déjà mis les voiles depuis longtemps, laissant une ville sinistrée et apeurée. Comme si cela ne suffisait pas, le maire de la ville décide de bannir la célèbre danseuse du ventre. Mais heureusement, celle-ci est bien décidée à laver son honneur en retrouvant son ennemie et en récupérant l’artefact qu’elle a volé. Un voyage qui l’amènera à récupérer les sceaux magiques dissimulant son véritable pouvoir…
Un “platformer“ tout en profondeur
Shantae, fidèle à son style jusqu’à aujourd’hui, est donc un jeu de plateformes 2D qui a un lien de parenté non dissimulé avec le sous-genre du “Metroidvania“. Vous dirigez donc la demie-génie dans des décors tout en pixels et devez accomplir votre quête en battant de nombreux ennemis et quelques boss tout en obtenant de nouveaux pouvoirs qui vous autorisent à explorer des endroits qui étaient hors de votre portée initialement. Mais petite particularité bien caractéristique du level design de l’époque : les différents environnements que vous allez découvrir ne s’explorent pas que de gauche à droite et de bas en haut mais également vers l’avant et vers l’arrière.
Autant dire qu’en 2021, c’est le genre de pratiques qui ne fonctionne plus vraiment, surtout quand le jeu propose une carte assez sommaire et vraiment peu utile, en plus d’être laborieuse à ouvrir. Pire, elle est même aux abonnées absentes dans les donjons ! Mieux vaut alors privilégier votre mémoire mais encore faut-il être capable de se souvenir des différents emplacements où vous devrez revenir plus tard. À défaut d’avoir un sens de l’orientation à toute épreuve, il vous reste toujours ce bon vieux crayon et sa fidèle feuille de papier, le genre d’objets qu’on utilise cependant plus de nos jours quand on joue à un jeu vidéo.
Nostalgie ou non, le charme opère toujours
Mais c’est ça aussi le pouvoir de la nostalgie, nous faire rejouer à des jeux vidéo qui fleurent bon le rétro d’un point de vue technique. Et avec Shantae : Risky’s Revenge, on est aux anges. Graphiquement, le jeu de WayForward propose des décors riches et détaillés qui vont faire palpiter le coeur des amoureux du pixel, tout en restant lisibles. Dans le cadre de cette version, vous pouvez configurer l’affichage de différentes manières : en 4/3 avec ou sans bordures ou en 16/9. Mais on vous déconseille ce dernier car cela tire l’image de part et d’autres de l’écran et ruine tout le charme du jeu original.
La partie sonore n’est pas en reste : l’épopée de notre danseuse du ventre est rythmée par l’excellente OST de Jake Kaufman, un nom que vous connaissez probablement puisqu’il est le compositeur de la bande originale du célèbre chevalier à la pelle, Shovel Knight. En tout cas, ses compositions vous resteront probablement en tête.
D’un point de vue gameplay, toutefois, nous aurions tendance à être moins dithyrambiques. Même si la formule fonctionne à merveille et ravira sans doute les amateurs du genre, il y a malgré tout quelques détails qui nous font tiquer voire nous agacent passablement, en particulier lorsqu’il s’agit de la précision un peu hasardeuse des déplacements. Et non seulement l’aventure de Shantae n’est pas si facile que ça à appréhender mais on ne compte plus le nombre de coeurs perdus à cause de collisions mal perçues.
Un gameplay au poil
Vous risquez de vous arracher les cheveux, parfois. Et pourtant, hormis ces quelques errances principalement dues à son âge, il faut bien avouer que le gameplay de Shantae : Risky’s Revenge est toujours aussi efficace. La demie-génie peut en effet toujours compter sur son légendaire chignon pour défaire ses ennemis ainsi que sur ses prouesses magiques pour l’aider à progresser. Au choix, boules de feu, nuages de foudre et pics protecteurs viendront agrémenter votre arsenal.
La danseuse du ventre peut surtout compter sur ses pas de danse pour se transformer en différents animaux et chacun d’entre eux ont leurs particularité. Ainsi, lorsqu’elle prend l’apparence d’un singe, Shantae peut grimper aux murs. Lorsqu’elle devient un éléphant, elle peut détruire certains obstacles. Elle peut même nager sous l’eau en se transformant en sirène. C’est en utilisant à bon escient ces différentes formes que vous pourrez explorer de fond en comble les donjons et découvrir les nombreux mystères dont regorge Scuffle Town et ses environs. Vous aurez d’ailleurs bien besoin de ces améliorations de santé et de magie pour mettre fin à votre quête dans les meilleures conditions. Par contre, il est dommage que l’aventure soit si courte : à peine une petite dizaine d’heures pour en voir le bout et à 100%, à moins que vous souhaitiez prolonger le plaisir avec le “Mode magique“ qui renforce la magie de Shantae mais diminue sa défense de moitié. De quoi offrir un vrai challenge pour les matelots les plus aguerris.
ON A AIMÉ
+ Un style graphique tout en pixels, riche et détaillé, qui flatte la rétine
+ Les musiques de Jake Kaufman raviront les oreilles nostalgiques
+ Un gameplay maîtrisé grâce aux transformations de la demie-génie
+ Un vrai plaisir de replonger dans un “Metroidvania“ en 2D et à petit prix
ON A MOINS AIMÉ
– La jouabilité un peu trop rigide nous fait souvent faire des erreurs
– La carte du monde n’a aucune véritable utilité en plus d’être difficilement accessible
– L’épopée de Shantae est trop courte, comptez 10h max. pour un 100%
Shantae : Risky’s Revenge nous fait revenir aux sources de cette licence bien connue des fans de “Metroidvania“. Que ce soit parce-que vous avez aimé Half-Genie Hero et souhaitez connaître l’une des premières aventures de Shantae ou parce-que vous voulez découvrir – ou re-découvrir – un jeu de plateformes et d’action 2D à l’ancienne avec un titre qui ne compte plus les récompenses, cette “revanche“ est un choix qu’on ne saurait trop vous conseiller. Mais attention, c’est un jeu qui fête son dixième anniversaire et qui surfait déjà à l’époque sur la vague rétro. Sachez donc dans quoi vous vous embarquez avant de lever les voiles ! Ce bon vieux rhume qui accuse bien le poids des années n’est pas sans avoir un peu d’amertume.