Welcome to Elk : un séjour en communauté qui ne vous laissera pas indifférent

Nous partons aujourd’hui vers le nord de l’Europe pour vous parler de Welcome to Elk, le troisième jeu du petit studio indépendant Triple Topping basé à Copenhague. Une bande de potes qui a décidé, en 2017, de fonder leur studio et de créer des jeux vidéo entre amis. Tel est leur leitmotiv. Et même si on entend relativement peu parler d’eux, cela ne les a pas empêché de gagner déjà quelques prix, en plus de la reconnaissance du public. Aujourd’hui, nous allons donc parler de leur dernière production en date qui, derrière son aspect enfantin et ses allures maladroites, cache en réalité un propos mature, sombre et extrêmement touchant. À condition d’aimer les jeux narratifs, bien entendu. Toute ressemblance avec…

Un grand merci à l’agence LU6.1 pour nous avoir permis de tester le jeu.

… des personnages ayant réellement existé est voulue

Nous avons souvent l’habitude d’apercevoir ce genre d’avertissements au début des films ou des jeux vidéo – avertissement qui est d’ailleurs devenu monnaie courante à cause de Raspoutine dans les années 1930 – et pourtant, ici, c’est tout l’inverse qui se produit puisque la particularité de Welcome to Elk est de se baser exclusivement sur des histoires et des personnages ayant réellement existé.

Le contexte de base, lui, est totalement fictif : la jeune Frigg – menuisière apprentie de son état – vient passer un séjour sur l’île d’Elk, une île fictive située le long de la côte des Pays-Bas. Mais notre héroïne va découvrir que la vie en communauté n’est pas de tout repos et qu’il y circule en réalité beaucoup d’histoires, certaines appartenant au passé, d’autres étant en train de s’écrire. Son séjour sera ainsi rythmé par ces nombreux récits, tantôt joyeux et drôles, tantôt sombres et tragiques, un peu comme la vie avec ses hauts et ses bas.

En incarnant Frigg, le joueur sera donc amené à faire connaissance avec les habitants de cette endroit très particulier et à découvrir leur vie par le biais de nombreux dialogues ponctués de quelques mini-jeux. C’est un peu comme si “Wario Ware“ rencontrait “Les chevaliers de Baphomet“, tout en arborant un design qui fait penser aux “Razmokets“ ou – pour les plus vieux – aux planches de BD de “Tom-tom et Nana“.

Un gloubi-boulga des genres

Le résultat est très étrange, c’est certain. Pourtant, il s’agit bien, à la base, d’un jeu d’aventure narratif, à la manière d’un point n’ click, qui se contrôle au clavier ou à la manette. On explore plus ou moins librement les différents environnements qui forment l’archipel et on discute avec les villageois. On découvre leur quotidien, ce qui les anime ou ce qui les chagrine. Mais contrairement à ces jeux-là, pas d’objets à récupérer ou d’énigmes à résoudre ici. Vous ne risquez pas non plus de vous retrouver bloqué car chaque journée passée sur Elk se concentre sur une histoire à proprement parler et il y a suffisamment d’indications – en plus d’une carte – pour savoir où aller afin de poursuivre le récit. Le style graphique même du jeu est fait pour vous aider à vous repérer car les décors sont assez riches en détails mais le plus souvent en noir et blanc, seuls les éléments avec lesquels vous pouvez interagir étant ponctués de couleurs.

Parfois, l’aventure sera interrompue par un mini-jeu dont la conclusion n’a que peu d’importance. On vous demandera de participer à un concours de danse ou de jouer à un jeu de carte, voire encore d’aider à la reconstruction d’un échafaudage. Il n’y a aucun objectif particulier, tout au plus le résultat de ces mini-jeux modifie t-il simplement les dialogues suivants. Mais on apprécie malgré tout ces évènements qui viennent apporter un petit vent frais côté gameplay au cas où le simple aspect narratif du jeu ne suffirait pas.

Des histoires et témoignages bouleversants

C’est un peu l’élément central de Welcome to Elk et le point sur lequel tout le marketing du jeu est réalisé. On aurait pu craindre que cela soit galvaudé mais il n’en est rien. Ces histoires vraies qui s’enchaînent et se mélangent sont le coeur de cette aventure intimiste et il ne faut pas se fier à l’apparence enfantine du titre du studio danois. On rit bien volontiers au début devant la démarche absurde des protagonistes lorsqu’ils se déplacent, par exemple, mais très vite, ce sourire laisse place à une mine abasourdie devant les évènements parfois sordides auxquels vous allez assister.

Et encore, ce n’est qu’un infime exemple très dérisoire pour ne pas vous spoiler

C’est là la grande force du travail de Triple Topping qui a su marier un style graphique léché dessiné à la main et une ambiance en mode “montagnes russes“ qui alterne entre moments drôles et instants tragiques. Un véritable ascenseur émotionnel permanent qui nous fait oublier toute notion du temps. Et au final, lorsqu’il est grand temps de quitter cette île, on a l’impression qu’on était arrivé hier, comme des vacances qui se terminent toujours trop tôt. Il faut dire aussi que le jeu se termine très rapidement puisqu’il faut à peine une petite poignée d’heures pour en voir le bout.

ON A AIMÉ
+
Une expérience unique en son genre
+ Un ascenseur émotionnel permanent entre moments drôles et tragiques
+ Un style graphique dessiné à la main tout droit sorti d’une bande dessinée
+ Des histoires bouleversantes et des témoignages poignants

ON A MOINS AIMÉ
Seulement trois ou quatre heures pour en voir le bout

Si vous êtes habitué à juger la pertinence d’un jeu vidéo par rapport à sa durée de vie, vous serez décontenancé face à Welcome to Elk tant son prix de vente, à sa sortie, ne vous semblera pas correspondre au contenu qu’il propose. Pourtant, cela serait bien mal juger l’aventure véritablement unique créée par Triple Topping car à peine a t-on posé les pieds sur cette île que nous sommes happés par ce style graphique dessiné à la main et cette ambiance qui nous fait passer du rire aux larmes à intervalles réguliers. C’est drôle, parfois, c’est touchant, souvent, mais c’est un jeu narratif qui est à réserver qu’à une poignée de joueurs, ceux qui oseront découvrir cet O.V.N.I. nordique. Et ils n’en ressortiront pas indemnes.

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