Murder by Numbers : aucun objection votre Honor

Mediatonic, ce nom vous dit probablement rien et pourtant, si on vous parle de Fall Guys, là tout de suite, les têtes se lèvent et les oreilles se tendent. Pourtant, avant d’être connus par le succès de leurs petits haricots sur pattes en mode “Intervilles“, les développeurs britanniques ont développé bon nombre de jeux mobiles. Parmi eux, ils ont pu acquérir de l’expérience sur quelques visual novel et c’est fort de cette expérience qu’ils ont proposé l’année dernière un intéressant mélange entre jeu narratif et puzzle game avec Murder by Numbers. À mi-chemin entre l’enquête à la Phoenix Wright et le picross, l’aventure d’Honor Mizrahi et de son robot SCOUT arrive désormais sur Stadia. Un bon paquet de grilles résolues plus tard, voici notre verdict.

Précédemment dans Murder by Numbers…

Honor Mizhari est une actrice très connue qui tient le rôle principal dans une série TV à la mode nommée Murder Miss Terri où elle tient le rôle d’une détective qui résout de nombreuses enquêtes mystérieuses. Malheureusement, elle fait un jour les frais des décisions parfois étranges des producteurs et se retrouve ainsi virée de la série du jour au lendemain. Le problème, c’est que le showrunner de la série est retrouvé mort dans son bureau seulement quelques minutes après avoir annoncé la mauvaise nouvelle à notre héroïne.

Alors que tous les regards sont désormais braqués sur elle, elle va pouvoir compter sur l’aide tout aussi étrange qu’insoupçonnée de SCOUT, un robot amnésique qui s’est réveillé dans une décharge et qui semble bien déterminé à l’aider. Et son aide sera très précieuse pour la jeune Honor qui va se retrouver par la suite mêlée à d’autres meurtres à élucider. L’occasion pour le joueur de découvrir un visual novel à l’ambiance étonnante et prétexte à la résolution de très nombreux nonogrammes.

Notre détective à l’écran va donc se transformer en détective IRL grâce à l’intervention de SCOUT. Le jeu est découpé en quatre enquêtes principales fonctionnant toutes sur le même principe : différents lieux peuvent être visités au cours de l’histoire avec, à chaque fois, des indices cachés dans les décors et détectables grâce à notre ami robotique. Après la résolution de nonogrammes, les indices se retrouvent dans votre inventaire et vous pouvez interroger les différents protagonistes de l’histoire et les confronter à ces indices pour faire avancer l’intrigue.

C’est moi Nono, le petit robot

Le nonogramme – plus communément appelé « picross » dans le monde du jeu vidéo – consiste en une grille cachant un dessin. Pour résoudre la grille, il faut noircir ou marquer ses cases en s’aidant d’indices chiffrés situés en haut (pour les colonnes) et à gauche (pour les lignes). Une fois toutes les bonnes cases repérées, le dessin se révèle et la grille est considérée comme résolue. En fonction du dessin masqué et des indices présents, chaque grille peut être plus ou moins difficile à terminer. Les plus complexes peuvent même nécessiter de prendre en compte les indices de plusieurs lignes ou plusieurs colonnes pour parvenir à faire les bonnes déductions et progresser.

Un exemple de nonogramme tel que présenté dans Murder by Numbers

Bien que le nonogramme existe depuis – au moins – 1987 grâce à une graphiste japonaise du nom de Non Ishida, ce n’est qu’en 1995 que le genre est porté en jeu vidéo grâce à Nintendo et son célèbre Mario’s Picross. C’est même d’ailleurs ce jeu qui a donné ce nom aujourd’hui employé à maintes reprises. Depuis, la firme de Kyoto a enchaîné les itérations allant même jusqu’à proposer des “picross“ en 3D. Toutefois, ici, les contraintes sont légèrement différentes. Ainsi, contrairement aux jeux susnommés, vous n’avez aucun temps limite pour la résolution des puzzles, ni même de malus si vous marquez les mauvaises cases. Vous prenez le temps que vous voulez et vous pouvez noircir et exclure les cases avec une liberté totale, comme à l’époque des premières grilles publiées dans les journaux japonais.

En revanche, cela ne signifie pas qu’il n’y a pas un minimum d’enjeux. Vous avez en effet un score qui vous est attribué au début de chaque niveau et ce dernier peut être diminué si vous demandez de l’aide. Vous disposez à ce titre de trois formes d’assistances possibles : la première préserve votre score intact et permet de mettre en avant certaines lignes ou colonnes sur lesquelles vous pouvez agir, un petit coup de pouce gratuit en somme. En revanche, les deux autres vont impacter votre score final. Vous pouvez demander au jeu de pré-remplir certaines cases au hasard ou encore de demander une vérification de votre progression. À utiliser avec parcimonie surtout si vous visez le grade ultime “S » à la fin de chaque enquête.

Terminer un puzzle sans aide vous octroiera le maximum de points

Plus vous obtiendrez de points à la fin de chaque enquête, et plus vous débloquerez de niveaux optionnels dans un mode spécial annexe qui regroupe les nonogrammes les plus complexes. Tel est le prix à payer afin de pouvoir découvrir l’ensemble des souvenirs de SCOUT. On regrettera par ailleurs qu’il ne soit pas possible de sauvegarder sa progression pendant la résolution d’un puzzle. En tout cas, ce contenu supplément a de quoi allonger une durée de vie déjà assez élevée mais qui se réserve, bien entendu, aux plus grands fans de puzzle. Comptez à peu près une trentaine d’heures pour boucler l’histoire principale et au moins le double si vous tenez à résoudre l’intégralité des grilles proposées. Il y a donc de quoi faire dans Murder by Numbers au-delà de ce que son aspect et sa formule pourraient laisser penser.

Des calculs meurtriers narratifs

Murder by Numbers est aussi un jeu narratif donc vous alternerez régulièrement entre les puzzles et les très nombreuses phases d’enquêtes et de dialogues. À chaque fois que vous êtes dans un lieu, vous avez le choix entre “Enquêter“ ou “Poser des questions“ aux interlocuteurs présents. Si vous choisissez d’enquêter, SCOUT prend la relève et vous devez scanner votre environnement à la recherche d’indices ce qui nécessite à la résolution des fameux nonogrammes alors que si vous choisissez de poser des questions, vous pouvez discuter avec les personnes présentes sur les lieux et leur montrer les objets et preuves que vous avez récupéré.

À la manière d’un visual novel, les différents personnages s’affichent à l’écran avec des artworks très réussis montrant leurs émotions et quelques animations rudimentaires viennent mettre en scène ces passages où s’enchaînent dialogues et choix à faire. Rien de très compliqué et encore moins de choix cornéliens ou d’embranchements au niveau de l’histoire. Tels les épisodes d’une série, les événements s’enchaînent sans qu’on puisse y changer quoique ce soit. Justement, le récit en lui-même n’est pas exceptionnel mais pourtant il est très bien écrit. Le parallèle fait avec les séries n’est d’ailleurs pas anodin tant les rebondissements vont se succéder.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser vu l’univers proposé, le scénario saura proposer ses moments intimes et poignants, en particulier en ce qui concerne le passé d’Honor et les origines de SCOUT. Attention toutefois, si l’histoire vous intéresse, le jeu est uniquement disponible en anglais. Soyez donc averti si vous ne maîtrisez pas un minimum la langue de Shakespeare.

Un jeu bruyant, pourrait-on dire, qui peut fort heureusement compter sur une bande originale de qualité. En effet, les péripéties du duo sont accompagnées par Masakazu Sugimori à qui l’on doit notamment les musiques de Phoenix Wright ou Ghost Trick, des jeux qui collent parfaitement à l’ADN de Murder by Numbers. C’est sans doute pour cette raison que les musiques accompagnent à merveille l’enquête d’Honor et la résolution des nonogrammes. Pourtant, de prime abord, on est étonné face au côté rythmé et entraînant de cette OST mais on se rallie très vite à sa cause.

ON A AIMÉ
+ Un style graphique et un univers qui font mouche
+ Les musiques entraînantes de Masakazu Sugimori
+ Un nouveau jeu “Picross“ ! Et il est disponible sur Stadia !
+ Et en plus, il n’est pas cher !

ON A MOINS AIMÉ
On est un peu décontenancé au début devant tant de bruits
Le jeu est uniquement disponible en anglais
On reste parfois bloqué sans savoir quoi faire
On aurait aimé pouvoir sauvegarder un nonogramme en cours de résolution

Murder by Numbers est un jeu étonnant : voilà ce qui pourrait résumer l’expérience proposée par Mediatonic qui a réussi à mélanger subtilement le genre du visual novel dont ils ont appris à maîtriser les rouages avec le temps et le puzzle game de type “nonogramme“. Des jeux qui nous ont habitué à des productions assez calmes, d’où une certaine surprise lorsqu’on découvre ce mix bruyant où se succèdent bruitages puissants et musique entraînante. Mais finalement, on se laisse happer par ces enquêtes et les innombrables puzzles qui s’enchainent tambour battant au rythme d’une histoire pleine de rebondissements. Pour le prix, on ne s’attendait clairement pas à être aussi agréablement surpris alors si vous appréciez les “picross“ ou si vous aimez les visual novel et n’êtes pas allergiques à ces puzzles mathématiques, n’hésitez pas une seule seconde, surtout à un prix aussi abordable.

Ce contenu est cool ? Partage-le !