Nouvelle tempête de critiques envers la plateforme de cloud gaming de Google. Il s’agit cette fois d’analyses autour d’une offre d’emploi publiée le mois dernier où il est fait référence à ce que certains considèrent déjà comme le passage de Stadia en marque blanche. De quoi alimenter à nouveau les fantasmes des pessimistes autour d’un abandon prochain de la plateforme par Google, ou simplement perdre tous les analystes qui ne comprennent pas la stratégie de Google. Seule solution pour bien comprendre : adopter une approche prospective qui permet d’imaginer un grand nombre de débouchés pour Google en parallèle de son offre de jeu.
Le mois dernier, Google publiait une annonce pour rechercher son nouveau Stadia Product Manager. Même si l’information la plus importante de cette offre d’emploi était les tâches attribuées à ce futur Chef Produit (c’est-à-dire, apporter Stadia sur encore plus de nouveaux écrans), on peut aussi y lire le paragraphe suivant :
En plus de construire notre propre plateforme de jeux vidéo, nous voyons une opportunité importante de mettre notre infrastructure et nos outils à la disposition des partenaires qui souhaitent construire leurs propres plateformes de streaming interactives. Notre objectif est de construire une activité durable à long terme qui contribue à la croissance du secteur des jeux vidéo et d’autres applications de streaming interactif.
Offre d’emploi Product Manager, Stadia
Offres de streaming de progiciels
Revenons à l’année dernière. L’Humanité a traversé une période particulière. Pendant plusieurs semaines, en raison d’une pandémie mondiale, le monde a été quasiment du jour au lendemain à l’arrêt et dans de nombreux pays, nous avons été contraints de rester à domicile, confinés.
L’approche holistique du « as a service » a permis à de nombreux professionnels de pouvoir continuer à travailler en distanciel (télé-travail). Mais malheureusement, bien que de nombreuses tâches soient informatisées, beaucoup de professions ne bénéficient pas encore d’outils disponibles leur permettant de travailler à distance. Il a fallu beaucoup de logistique afin de permettre à ces professionnels de pouvoir continuer à travailler pendant le confinement, souvent en déménageant leur station de travail à domicile.
Comment donc amorcer une transformation où il ne sera plus forcément nécessaire de posséder de grosses stations de travail coûteuses ? Et si, demain, de simples Chromebooks pouvaient combler les besoins des professionnels, en mêlant GSuite et d’autres services Google en lignes diffusant des applications très gourmandes en calculs faisant de la technologie faisant fonctionner Stadia un Citrix du futur ?
La plateforme Stadia étant basée sur de nombreux composants open source, il serait donc intéressant que Google puisse proposer l’ensemble des technologies permettant à Stadia de fonctionner en tant que base pour créer d’autres types de services de streaming interactifs destinés aux professionnels. Ces services pourraient très bien être distribués au travers de Google Workspace Marketplace. Ainsi, des éditeurs de logiciels pourraient y voir une grande opportunité à passer à des modèles SaaS (Software as a Service).
Offres de streaming interactifs pour les particuliers ou professionnels
D’autres usages de ces technologies seraient, par exemple, la mise en place services à destination des particuliers et des professionnels. On pourrait imaginer ainsi des services de formation ou des applications concrètes dans certains domaines comme la santé ou la culture.
Les joueurs de la dernière trilogie d’Assassin’s Creed le savent : la licence d’Ubisoft peut être aussi un support incroyable de formation et d’apprentissage dans le domaine culturel. En effet, depuis Assassin’s Creed Origins, l’éditeur français propose un mode « Discovery Tour » permettant aux joueurs d’être projeté dans les mondes ouverts qu’ils ont créé… sous forme de musée géant. Différents parcours sont présents permettant de faire des visites virtuelles de l’Egypte, la Grèce et bientôt l’ère Viking.
Et si demain, alors que le tourisme souffre lui aussi des conséquences de la pandémie mondiale, il était possible de visiter des musées, châteaux ou régions basés sur la même approche, le tout accessible via nos téléphones, tablettes, ordinateurs ou smartphones ? De quoi peut-être redécouvrir Paris selon les époques, la région des châteaux de Touraine comme si l’on y était. En utilisant ce genre de technologies, il y a de nombreuses opportunités touristiques et culturelles à développer. Dans un tout autre domaine, le streaming d’applications basé sur ces technologies devrait aussi permettre d’améliorer les visites virtuelles d’appartements, des lieux de vacances…
Toutes les technologies qui propulsent Stadia pourraient donc être un socle permettant de créer un tas de nouveaux usages, accessible par exemple via Google Cloud. Avec un minimum de réflexion et de vision, on comprend ainsi que Google voit plus loin que la simple utilisation de ses technologies pour l’exploitation de sa plateforme de cloud gaming Stadia. Il y a donc de quoi être enthousiasmé (ou au minimum rassuré) quant à l’implication de Google envers Stadia et toutes les technologies qui gravitent autour. Stadia n’est donc pas sur le point de mourir, au contraire, la plateforme ne fait que commencer à vivre.