Le grand Ouest américain fait tellement rêver, que ce soit à travers des aventures uniques comme Red Dead Redemption, bijou immersif signé Rockstar, ou bien à travers des films comme « Il était une fois dans l’Ouest », Lucky Luke… Du combat entre cow-boys, de la tension qui fait vibrer le joueur/spectateur, des poursuites à cheval, finalement c’est toujours la même rengaine… Est-il possible de partir en aventure au Far West, sans user de violence ? Juste s’immerger dans cet univers si particulier, sans sortir son revolver ? Oui. El Hijo : A Wild West Tale, des studios de Handy Games, est une ode à la non-violence, à partir d’un voyage coloré, à la frontière entre émerveillement et tristesse. Une chose est sûre, le jeu est riche en émotions. Qu’apportent-elles vraiment ? Le voyage est-il réussi ? Voyons ensemble ce que nous offre El Hijo – A Wild West Tale.
Une narration touchante évoquant des sujets sensibles
El Hijo – A Wild West Tale raconte l’histoire d’une mère et son fils de six ans, séparés l’un de l’autre par une bande de bandits. En effet, les premières scènes du jeu plantent le décor du grand Ouest américain. La maison du petit garçon et de sa mère est jolie présentée, une ferme colorée avec poules et cultures. Mais l’illusion se brise très vite lorsque les bandits décident d’incendier leur maison. La mère, prévoyante et qui cherche à se venger, décide donc de placer son fils dans un monastère et de partir s’occuper toute seule des bandits. L’enfant appelé « El Hijo » décide de s’échapper et de retrouver sa mère n’ayant comme armes que son agilité et sa discrétion. Une histoire touchante qui prendra tout son sens au fil de l’avancement du joueur dans l’aventure.
Bien que la relation mère-fils soit rappelée dans chaque niveau, d’autres thématiques ont aussi leur place. En effet, on verra souvent des enfants exploités dans les environnements tels que les mines, les cuisines du monastère ou bien encore dans des fermes agricoles. Ces images rappellent au joueur les conditions de travail des mineurs au XIXeme siècle lors de la Ruée vers l’Or. L’exploitation d’enfants a une place importante ici et les scènes dans lesquelles le sujet est abordé sont très biens choisies.
Voyage émotif, voyage visuel, voyage sensoriel
Une grande partie de l’aventure se déroule dans un monastère : le thème du culte et de la religion des moines apparaît à plusieurs reprises. La musique entraîne le joueur dans cette ambiance, renforçant ainsi l’immersion dans cet univers. A la fois reposant et envoûtant, le fond sonore favorise cette sensation de découvrir les habitudes des moines. Les passages dans ces lieux mystiques impressionnent : c’est très réussi.
Vous l’avez compris, El Hijo – A Wild West Tale vous immergera aussi dans l’univers western. A travers des niveaux d’une cohérence réussie, les univers sont accrocheurs et on a envie d’en découvrir plus à chaque fois. En quittant le monastère, vous pourrez découvrir des fermes, mines, jardins, cimetières et rencontrer différents ennemis : cow-boys, bandits, moines, animaux sauvages… Le voyage est plus que réussi, on suit l’histoire principale à travers des niveaux qui s’enchaînent à la suite sans se perdre pour autant.
Énigmes et infiltration, la violence n’a pas sa place
Dans un univers western travaillé, le jeu nous mettra face à des ennemis, qu’on devra éviter au maximum. En général, les ennemis vont des allers-retours dans un axe de déplacement fixe, ou certains resteront assis. Ce sera à vous de faire en sorte de déclencher quelque chose pour attirer leur attention et ainsi les contourner. Vous avez un oiseau magique, qui pourra vous aider à voir le champ de vision de chaque ennemi, très pratique ! On regrette cependant la façon dont les ennemis perçoivent la présence du joueur : soit ils vous voient si vous êtes exposés à une source de lumière, soit ils ne vous verront pas du tout si vous êtes cachés dans l’ombre, même à un mètre d’eux ! Un peu spécial, car c’est très simple de disparaître de leur champ de vision. C’est la même chose lorsqu’un ennemi vous poursuit, il s’arrêtera net si vous vous éloignez de quelques pas…
El Hijo – A Wild West Tale propose plusieurs approches différentes selon votre style de jeu. En effet, on débloque au fur et à mesure, des « jouets » qui sont en fait des objets à utiliser pour distraire les ennemis, avancer face à des obstacles, casser des lanternes… Le gameplay est donc naturellement étendu : c’est vous qui choisissez comment avancer dans un niveau, comme par exemple foncer dans le tas – mais attention à votre jauge d’endurance – ou vous faufiler dans l’ombre, etc. C’est très agréable à prendre en main et d’autant plus gratifiant lorsqu’on arrive à compléter un niveau soi-même, sans utiliser une arme à feu ou violenter un ennemi, l’infiltration et la discrétion sont les clés du succès. Par la suite, on pourra incarner la mère de l’enfant, votre mission ne sera plus d’avancer dans les niveaux mais d’activer des pièges réservés aux bandits. Cela renouvelle un peu le gameplay, c’est une bonne chose ! Vos actions auront un impact sur les environnements comme lorsque le petit garçon verra les tonneaux de dynamite explosés par sa mère un peu plus tôt.
Une progression par niveau : vite répétitif ?
Handy Games propose une aventure de 30 niveaux dans El Hijo – A Wild West Tale. Jeu d’infiltration et d’énigmes oblige, la difficulté est croissante : le jeu se corse de plus en plus notamment par rapport aux ennemis. Impossible de pouvoir « sauter » un niveau, vous serez obligé de réussir à le passer pour espérer arriver au terme de l’aventure. En soit, c’est toujours la même manière pour aborder un niveau, c’est vite répétitif sur le fond. Fort heureusement, les environnements sont variés et donnent envie d’avancer toujours plus. Dans chaque niveau, vous pourrez aller au secours d’enfants, à travers quelques énigmes plus ou moins difficiles à résoudre. Il y a aussi quelques secrets à découvrir… Bref, quelques bonnes idées qui rallongent le temps de vie du jeu. Les plus perfectionnistes pourront aussi s’améliorer sur l’infiltration notamment en utilisant les nouveaux « jouets » qu’on débloque au fur et à mesure de notre avancée dans l’histoire.
ON A AIMÉ
+ L’histoire : profonde, riche en émotions…
+ Environnements variés et de magnifiques bandes-son
+ Gameplay original, l’infiltration fera travailler vos neurones
+ Des décors pensés avec soin : grosse liberté d’approche
ON A MOINS AIMÉ
– Des ennemis parfois trop vifs, parfois aveugles…
– Énigmes parfois trop dures à comprendre
– Au fil des niveaux, le jeu devient vite répétitif
El Hijo – A Wild West Tale n’a pas la prétention de fournir une expérience digne d’un AAA, loin de là. C’est un voyage d’une dizaine d’heures si vous êtes rapides, un peu plus si vous voulez finir à 100% les 30 niveaux de l’histoire. Le jeu mise essentiellement sur les émotions : la bande-son, les décors et les thématiques abordées en feront pleurer plus d’un ! La relation entre une mère et son enfant, l’exploitation d’esclaves et l’époque de la ruée vers l’or sont très bien mis en avant, c’est convaincant. Le jeu vous propose d’exercer vos talents d’infiltration en vous forçant à utiliser vos neurones pour avancer dans les différents niveaux. C’est dommage mais cela ne conviendra pas aux plus jeunes, de part sa difficulté d’approche dans certains niveaux, d’autre part à cause des mécaniques de jeu – pourtant simples – à comprendre et mettre en œuvre : il faut plusieurs heures de jeu pour réussir à avancer de niveau en niveau. Par contre, c’est un bon jeu à faire en famille, pouvoir avancer ensemble et compléter un niveau à 100% peut être très enrichissant aussi bien pour les petits que pour les plus grands. Proposé à un prix de 19€99, El Hijo – A Wild West Tale est un des rares jeux d’infiltration qui joue la carte des émotions, on ne peut qu’applaudir Handy Games, c’est très réussi dans l’ensemble.
Un grand merci à LU6.1 pour nous avoir permis de tester le jeu !