Les origines de Kaze and The Wild Masks et du studio PixelHive nous font remonter aux années 1990, une période que beaucoup appellent encore aujourd’hui l’âge d’or des jeux vidéo. À l’époque, les jeux étaient beaucoup moins affriolants, beaucoup plus pixelisés et même si leur envergure fait peine de nos jours aux yeux des plus jeunes, leur ambition en était d’autant plus incroyable. C’est justement en se nourrissant des jeux de plate-formes de ces prolifiques années que les développeurs brésiliens n’ont eu de cesse de rêver un jour de créer leur propre jeu de plate-forme. Trente ans après avoir dessiné une première ébauche de leur futur héros, ces amis d’enfance ont concrétisé leur rêve en donnant naissance à Kaze and The Wild Masks, une véritable lettre d’amour au jeu vidéo d’antan.
Ce test a été réalisé grâce à une clé fournie par PixelHive et SOEDESCO. Un grand merci à eux pour nous avoir permis de tester le jeu.
L’éternelle curiosité des lapins
Kaze est un lapin et comme tous les lapins, elle est très curieuse. Une curiosité qui, malheureusement, va être la cause d’une catastrophe qui va non seulement plonger l’archipel dans le chaos mais aussi réduire son ami Hogo à l’état d’esprit fantômatique. Expulsée aux confins de ces “Crystal Islands“, Kaze va devoir prendre son courage à quatre pattes et se frayer un chemin parmi les nombreux dangers et défis qui se dresseront sur sa route. Ce n’est qu’au terme de cette épopée qu’elle pourra anéantir le mal qu’elle avait réveillée et, peut-être, sauver son compagnon.
Kaze and The Wild Masks est donc un jeu de plate-formes 2D rétro inspiré des jeux qui ont bercé l’enfance des développeurs et celle de tous les trentenaires et plus. Cette inspiration se retrouve dans le style graphique mais aussi dans tous ses autres éléments que ce soit le level design, le gameplay et même la bande originale. Lorsque PixelHive décrit son jeu comme une lettre d’amour aux jeux de plate-formes des années 1990, ce n’est clairement pas que du “blabla“ marketing.
Bouillon de légumes, recette maîtrisée
L’aventure de Kaze est toute de pixels vêtue mais le pixel art est vraiment maîtrisé. C’est beau et c’est animé avec brio que ce soit du côté de notre lapin qui fait montre d’une agilité à toute épreuve ou des ennemis rencontrés, tous issus des potagers des habitants du coin. Mais ce qui rend l’aspect visuel autant réussi, c’est aussi la variété assez folle des environnements parcourus. Chacun d’entre eux est unique avec une ambiance propre et de nombreux éléments qui viennent donner vie à l’ensemble que ce soit au premier plan ou en arrière-plan.
Un véritable ravissement pour les yeux qui se propage d’ailleurs jusqu’à nos oreilles car même si la bande originale ne laisse pas un souvenir impérissable, les thèmes proposés nous plongent directement dans l’ambiance de chaque niveau et font vibrer d’office notre corde nostalgique tant son compositeur Paulo Bohrer a su identifier ce qui faisait l’identité des jeux de l’époque. Si on fermait les yeux, on se reverrait presque en train de jouer à Donkey Kong Country, Super Mario World ou même pourquoi pas Tiny Toons, pour rester dans la thématique.
Dur dur d’être léporidé !
Cette volonté de nous faire faire un bond en arrière de trente ans se retrouve aussi dans le gameplay. De base, Kaze peut sauter sur ses ennemis pour s’en débarrasser mais elle peut aussi utiliser ses oreilles pour planer quelques instants. Des oreilles qui seront aussi utiles pour s’agripper à toutes sortes d’éléments comme des lianes, cordes ou anneaux suspendus. Au cours de votre périple, vous retrouverez aussi toute une panoplie d’éléments comme des ressorts ou des tremplins qu’il faut activer au bon moment, des plateformes mouvantes, etc. Vous aurez aussi la joie de découvrir ou re-découvrir les niveaux où la caméra avance tout seule, par exemple.
Bref, tant de joyeusetés qui risquent de vous rappeler d’excellents souvenirs mais aussi de nombreuses crises de nerfs car il faut le dire, Kaze and The Wild Masks est un jeu difficile. Ne vous fiez pas aux premiers niveaux rencontrés qui vous mettront doucement dans le bain car très vite, la difficulté va grimper d’un cran et c’est dans la sauce que vous allez vous retrouver et même si elle est excellente, elle n’en reste pas moins très pimentée. Le jeu de PixelHive va vous donner des sueurs froides et vous allez avoir chaud.
Vos réflexes seront mis à rudes épreuves afin de pouvoir atteindre la fin de chaque niveau et terrasser les différents boss. Et même si le jeu propose deux difficultés, ce choix ne rend pas nécessairement le jeu plus facile en soi. Le mode “Facile“ ne vous aidera pas à franchir un passage qui vous donne du fil à retordre. Tout au plus vous permettra t-il de bénéficier de “checkpoints“ supplémentaires mais il faut l’avouer, c’est quand même une aide plus que bienvenue qui évite des retours en arrière qui seraient, dans le cas contraire, un poil trop punitifs. Et si jamais vous butez trop sur un niveau, le jeu vous proposera de passer directement au niveau suivant. Même si le coup de main est bienvenue, il faut avouer que c’est un peu trop direct…
Quand le masque tombe, je ne suis qu’un lapin
Cette difficulté est volontaire car elle fait partie des nombreux éléments faisant hommage aux jeux dont le studio s’inspire mais elle reste heureusement progressive. Le long voyage de Kaze se terminera même par un long boss final en apothéose et sans checkpoints vous demandant d’avoir maîtrisé l’ensemble du gameplay du jeu et de ses masques ! Le jeu peut d’ailleurs compter sur ces fameux accessoires qui lui donnent son nom pour offrir encore plus de variété à l’ensemble.
On en dénombre quatre au total et permettent à Kaze de changer d’apparence. Le requin vous permettra de nager dans les profondeurs tandis que l’aigle vous donnera littéralement des ailes. Il y a aussi le dragon qui transformera le jeu en “running game“ et le tigre, capable de grimper sur certains murs. Même si on regrettera dans un premier temps qu’on ne puisse pas changer de forme quand on le souhaite, on se rend vite compte que cela accentue en réalité d’autant plus la diversité des niveaux proposés.
Pour pimenter une recette déjà très bien exécutée, chaque tableau que vous allez traverser regorgent de secrets et d’objets à trouver. Dans chacun d’entre eux, vous devrez trouver quatre symboles dorés qui représentent les lettres du prénom de notre héroïne. Il y a également deux défis bonus bien cachés à débusquer sachant que si vous terminez tous les défis bonus d’un monde, vous ouvrez l’accès à un niveau spécial. Et vous voudrez probablement débloquer ces niveaux car une fin alternative (considérée comme la bonne fin) vous attend si vous obtenez les cent rubis dissimulés dans chacun d’entre eux y compris les niveaux spéciaux.
Chaque monde se termine bien évidemment par un boss qui vous demandera réflexes et paix intérieure pour ne pas jeter votre manette, téléphone ou ordinateur, par terre. C’est bien de pouvoir jouer sur de multiples écrans mais ça fait aussi plus d’objets sur lesquels se venger… En tout, il y a 31 niveaux que vos pattes devront fouler, répartis dans quatre mondes. Cela ne semble pas beaucoup, surtout si vous foncez en ligne jusqu’à la fin du jeu, mais les plus “complétionistes“ d’entre vous seront récompensés. Comptez environ 7 à 8h pour les plus rapides d’entre vous et jusqu’à une bonne quinzaine d’heures pour les plus curieux et téméraires.
C’est d’ailleurs en parcourant l’intégralité d’entre eux que vous pourrez visualiser toute la richesse du titre en terme d’environnements. C’est bien simple : tous les poncifs y passent, de la jungle au désert en passant par les cavernes, les ruines, le volcan ou encore les terres enneigées. Là encore, on sent tout l’amour que les développeurs ont cultivé depuis leur enfance pour ces jeux de plate-formes qui les ont marqué sans que l’hommage ne bascule jamais dans le plagiat, c’est extrêmement bien fait. Niveau inspiration, il faut donc saluer également le level design du titre qui est une véritable maîtrise de bout-en-bout. Les niveaux sont brillamment conçus avec une originalité qui ne cesse de se renouveler à chaque fois.
ON A AIMÉ
+ Une véritable lettre d’amour aux jeux de plateformes 16-bits
+ Le style graphique “pixel art“ de toute beauté et riche en détails
+ Un level design et un gameplay maîtrisés du début à la fin
+ Un jeu difficile et exigeant – certains aimeront…
+ Vous en aurez pour votre argent si vous visez le 100% (entre 15 et 20h)
ON A MOINS AIMÉ
– Un voyage nostalgique assez court si vous foncez en ligne droite (environ 7 à 8h)
– Un jeu difficile et exigeant – … d’autres n’aimeront pas
C’est un véritable tour de force que PixelHive a concrétisé avec Kaze and The Wild Masks. Même si le titre du studio brésilien n’intéressera pas tout le monde, leur déclaration au genre du jeu de plateformes tel qu’on le connaissait dans les années 1990 force la reconnaissance et le respect. C’est bien simple, que ce soit le gameplay, le level design ou le feeling manette en main, tout est maîtrisé à la perfection. Le jeu se targue même d’une difficulté qui pourrait rendre jaloux certain de ses ancêtres. Le seul vrai point négatif est la durée de vie de cette épopée lagomorphe qui ne montrera son plein potentiel qu’aux plus courageux et patients d’entre vous. Alors si vous cherchez un jeu de plateformes et si vous êtes prêt à aimer autant qu’à pester, n’hésitez pas une seule seconde. Kaze ne vous posera pas un lapin.