Attendu comme le messie de l’horreur sur Stadia depuis les fuites subies par Capcom, c’est avec une immense joie que la licence Resident Evil est arrivée sur la plateforme de cloud-gaming de Google le 1er avril, en plus d’une offre sur le huitième épisode : Resident Evil Village. Connus depuis leur apparition en 1996, les Resident Evil vous plongent au cœur d’un scénario mélangeant horreur, énigmes et phases de combat intense. Resident Evil 7 ne déroge pas à la règle et nous embarque dans la peau d’Ethan Winters qui est à la recherche de Mia, sa femme disparue depuis trois ans. Un appel bien mystérieux fait ressurgir ses démons du passé et notre héros décide de partir retrouver son amour : une mission de secours qui va vite tourner à la catastrophe… Fermez bien vos volets, vérifiez que votre porte est fermée à double-tour, éteignez la lumière et laissez-vous porter par cette aventure en vue à la première personne. Un voyage en Louisiane qui sera loin d’être une partie de plaisir…
Conditions du test : cette review a été réalisée par nos propres moyens, au terme d’un abonnement récurrent Stadia Pro (9.99€/mois). Nous avons pu essayer le jeu au clavier sur PC (Google Chrome), à la manette sur smartphone (Android 4G+) et Google Chromecast Ultra via une connexion VDSL. Aucun bug majeur ou perturbant l’expérience n’a été relevé.
/!\ Nous avons pris le choix de vous présenter le jeu dans son intégralité. Certaines images ou extraits vidéos peuvent être choquants, vous voilà avertis. /!\
Une Louisiane charmante, un bayou terrifiant
Difficile de ne pas frémir rien que sur le menu du jeu… Votre aventure commence par une jolie cinématique : nous faisons la connaissance d’Ethan Winters, en route pour les bayous de la Louisiane après avoir reçu une vidéo de Mia, lui expliquant avec confusion qu’elle est toujours vivante. Une quête qui se situe en plein cœur d’environnements qui se prêtent très bien au genre de la franchise. En effet, la série horrifique de Capcom nous a souvent fait voyager à travers le monde et dans des décors éclectiques. Ici, on se retrouve dans de jolis marécages ensoleillés ! Très vite, les textures sont de plus en plus ternes à mesure qu’on entre dans la propriété censée être celle où notre Mia se trouve. Un bel effet immersif !
Ambiance horrifique : une réussite bien écœurante…
Très vite entré dans cette étrange maison, on découvre – avec horreur – que la propriété n’est pas abandonnée… À travers des scènes qui remontent dans des évènements passés, on comprend que la maison possède de nombreux passages secrets dont un qui nous mène directement à Mia… Cette volonté de nous faire plonger dans cette ambiance d’horreur se renforce par la caméra à la première personne, qui joue très bien son rôle, surtout lors de nos premiers combats. Perdre sa main avec une grande violence, on s’y croirait ! Côté émotions fortes, vous êtes servis avec toutes les scènes qui mettent en avant le côté malsain des environnements : crasse et saletés, avis aux maniaques, attention à la crise cardiaque !
Les musiques et effets sonores sont tellement en accord avec le level design qu’on oublie qu’on est dans un jeu : le vent qui tape contre les vitres, l’eau qui ruisselle le long des gouttières, des rires d’enfants dans une salle de jeu… L’aventure est diaboliquement immersive, difficile de décrocher ! On ne compte plus le nombre de fois où des bruits nous ont fait faire demi-tour alors que ce n’était que notre imagination. Et comptez sur une série de péripéties pour vous faire découvrir les propriétaires de la maison…
Dîner chez les Baker, quid du dessert ?
Quelle charmante famille : vous êtes l’invité de ce repas – loin d’être délicieux – hors normes, mangez donc votre soupe avant qu’elle ne refroidisse ! Rassurez-vous, ce dîner des plus malaisants ne durera que quelques minutes. Interrompue par un policier, la famille se sépare, vous laissant seul à table. Et au lieu de finir votre assiette, vous allez vouloir vous échapper de cet enfer, mais gare à la fessée ! Difficile de faire une sieste après ce repas frugal, tout est fait pour vous maintenir éveillé…
Un Baker vivant à abattre ? Ou un Baker mort à libérer de la vie ? À vous d’en juger, surtout que vous aurez bien d’occasions pour le faire : chaque membre de la famille Baker essaiera de vous tuer ! Bien qu’ils soient terrifiants et charismatiques, chacun a une histoire à raconter et une façon de vous aborder : ils réussissent à convaincre dans leur rôle. Sans trop en dévoiler, disons qu’il faudra abattre chaque membre de la famille pour espérer vous échapper de cet enfer. Leur façon de vous attaquer est relativement prévisible, on sent le comportement binaire de l’IA. Il suffit d’un coup de feu pour faire changer de trajectoire un boss ou le faire reculer, peu crédible, heureusement qu’ils font vraiment peur !
Émotions à tout va, l’horreur à son paroxysme !
Si vous tremblez à l’idée d’avoir des jumpscares à chaque recoin de cette propriété lugubre, vous êtes loin d’avoir tout imaginé ! Resident Evil 7 réussit à convaincre sans aucune peine grâce à sa mise en scène : vous passerez de l’effroi à la colère au bon vouloir de ce qu’ont prévu les scénaristes. Bien qu’elles soient maîtres de l’ambiance, les musiques utilisées font tellement bien ressortir le côté le plus malsain possible de chaque environnement visité ! Elles sont pesantes et parfois sinistres, tout est fait pour améliorer le plus possible votre immersion dans cette sombre aventure. Ajoutez à ceci des sons, voix et scènes délirantes, vous avez la recette d’un horror game particulièrement immersif. Chapeau Capcom !
Vous aurez aussi l’occasion de remonter dans le passé grâce à un système de cassettes VHS. Comptez à peine quatre cassettes, mais au vu de tout ce qu’elles révèlent sur la trame principale du jeu, c’est largement assez ! On en apprend beaucoup sur le présent : les cassettes peuvent vous permettre de comprendre une énigme, trouver un code pour une porte ou tout simplement observer une scène depuis les yeux d’un autre personnage, sans que cela ait un réel impact. La frontière illusions-réalité est ici plus que jamais floue, il arrive souvent qu’on se pose la question si ce qu’on voit est bien réel…
Resident Evil sans Molded : tout sauf impossible
Jeu d’horreur oblige, vous aurez face à vous des monstres ! Et oui, impossible de ne pas jouer plus de dix minutes sans trouver une horrible création démoniaque face à vous. Certains apparaissent vraiment à des endroits qu’on ne soupçonne pas, vous serez surpris à maintes reprises ! On regrette cependant que le bestiaire soit plutôt limité mais cela correspond bien à l’intrigue : avec à peine six à sept types de monstres différents, vous verrez qu’ils sont liés par un fil rouge, à vous de savoir lequel… Quand les munitions viennent à manquer et que les ennemis gagnent en résistance, Capcom a réussi à trouver le moyen de placer des aides toujours bienvenues comme des boîtes de cartouches, un sac à dos avec plus d’espace, ou des cages à bonus qui vous donneront armes ou amélioration permanente grâce à la collecte de pièces antiques disséminées dans l’immense demeure des Baker. Il y a donc un côté exploration qu’il ne faudra pas négliger sous peine de vous retrouver bien démuni devant toutes les menaces qui vous attendent…
Très étonnant, il arrive aussi que certains monstres se coincent dans des portes ou les murs, ou bien qu’ils se coincent entre eux, cela casse un peu l’immersion dans une ambiance d’horreur, et rend la situation un peu comique. Mais si en rire peut vous rassurer pendant votre aventure, tant mieux !
L’inventaire qui se construit au gré des Ténèbres
Et quoi de mieux pour résister au Mal que de solides armes ? Au cours de vos pérégrinations, vous aurez l’opportunité de découvrir des armes et de les améliorer afin de mieux vous défendre : fusil à pompe, pistolet, lance-grenades, lance-flammes… Un large éventail qui vous servira à de nombreuses reprises : on a beaucoup apprécié l’intégration des armes à chaque situation. En effet, si vous rencontrez une nuée de monstres volants, mieux vaut vous équiper du lance-flammes plutôt qu’utiliser votre pistolet ! Des combats souvent nerveux, espacés par des cinématiques inéluctables : impossible d’y échapper.
À votre main, une montre indique votre niveau de vie via l’affichage de votre fréquence cardiaque. Un système d’artisanat rudimentaire permet d’élaborer des objets utiles comme par exemple des soins à partir d’herbes trouvées un peu partout ou des munitions de toutes sortes. Les possibilités sont assez limitées mais au vu de la fréquence à laquelle on récupère les matériaux, c’est cohérent. À vous de trouver votre façon de jouer !
Une édition Gold qui nous permet d’en apprendre plus
Et pour ceux qui veulent développer leurs connaissances dans l’univers de la franchise et apprendre un peu plus sur les circonstances du drame qui oppresse la famille Baker, sachez que les modes Extra, directement inclus dans la Gold Edition proposée sur Stadia, sont excellents à faire ! Rien que le mode Cauchemar, un défi où vous devrez survivre cinq heures dans la nuit face à des vagues de monstres infectés en plus des membres de la famille Baker, vous fera justement faire… des cauchemars. Pas mal de re-jouabilité à noter comme par exemple avec cet autre mode de jeu qui correspond à du “die and retry“ : au fur et à mesure de vos morts, vous gagnez des points pour améliorer votre équipement.
Un autre mode additionnel beaucoup apprécié est le jeu de cartes inspiré du Blackjack dans lequel vous devrez gérer votre main pour que son total soit le plus près possible de 21, en jonglant entre atouts qui agissent comme des bonus ou malus. Sauf que cette fois-ci, vous ne misez pas de l’argent mais votre corps, jusqu’à la mort… Un délice ! Vous aurez aussi l’occasion de jouer avec d’autres personnages comme Clancy et Chris Redfield. En tout cas, si vous ne comptez pas profiter de ces modes additionnels, comptez sur une dizaine d’heures pour voir le bout de l’aventure, bien plus si vous voulez revivre l’enfer en faisant des choix scénaristiques différents et si vous tenez à explorer ces nombreux extras.
ON A AIMÉ
+ Portage de très bonne qualité (4k60, peu d’artefacts dans les environnements sombres…)
+ L’ambiance pesante, malsaine et parfois écœurante
+ Progression bien rythmée tout au long de l’aventure
+ Plusieurs choix à faire : plusieurs fins possibles (et quelles magnifiques fins !)
+ Histoire convaincante, en plus d’une famille Baker très travaillée
+ DLCs/Extras : originaux et très riches en informations
ON A MOINS AIMÉ
– Combat parfois inégalé sans armes et selon l’ennemi
– Quelques soucis de doublage voix/visage en version française
– Comportement de l’IA souvent prévisible, en plus de bugs avec les portes…
L’horreur avec passion, c’est ainsi qu’on peut résumer Resident Evil 7. À travers les yeux de protagonistes convaincants, vous pourrez découvrir toute l’envergure de la sombre aventure proposée par Capcom : impossible de lâcher prise ! L’épopée terrifiante d’Ethan Winters sera rythmée par différentes phases de gameplay allant d’énigmes à résoudre à des combats acharnés, même si on regrette que l’IA ait un peu du mal à gérer les collisions comme les portes. En plus du système d’artisanat pour vos armes et soins, le jeu vous propose d’apprendre un peu plus sur son univers grâce aux objets à collectionner et aux secrets à découvrir. Bref, Resident Evil 7 Biohazard est un must-have, un retour aux sources pour Capcom et un chef d’œuvre passionnant ! Alors froussards ou non, prenez votre courage à deux mains et découvrez quelle est la source du Mal qui hante la famille Baker !