Young Souls : de jeunes âmes, de vieux donjons, un combat circadien

Young Souls fait déjà parler de lui depuis un moment, non seulement parce-qu’il s’agit d’un jeu “First on Stadia“ mais aussi parce-que le premier jeu vidéo des petits français de 1P2P Studio a très vite su attirer la lumière sur lui. Dès 2018, leur titre avait en effet récolté d’excellentes impressions. Grâce à Google, le studio de Tourcoing a pu bénéficier d’une aide financière précieuse pour leur projet en échange d’une exclusivité temporaire de quelques mois, de quoi peaufiner jusqu’à la dernière minute leur bébé. Young Souls se laisse donc enfin approcher et on s’est pris un véritable coup de poing.

Ce test a été réalisé grâce à une clé fournie par Google, un grand merci à eux pour leur confiance.

Qui n’a jamais imaginé, quand il était petit, qu’il existait un monde en-dessous du nôtre, dans les entrailles de la terre ? C’est ce que Jenn et Tristan vont découvrir à leur dépends lorsque leur père adoptif, sobrement appelé “le Professeur“, disparaît mystérieusement sans laisser de traces. Alors qu’ils pénètrent dans le laboratoire secret, jusque là bien verrouillé, de leur bienfaiteur, ils traversent un portail et découvrent que sous leurs pieds a toujours existé un autre royaume, celui des gobelins, et que le Professeur avait tissé d’importants liens d’amitié avec ces êtres souterrains.

Malheureusement, tout a basculé lorsque l’auto-proclamé Dwarvengobben a pris possession du trône du royaume par la force, n’hésitant pas à exterminer ses congénères se mettant en travers de sa route. Le Professeur a essayé tant bien que mal d’offrir l’asile à certains d’entre eux, notamment grâce à l’aide du maire de la ville – décidément au courant de tout – mais la menace reste urgente. Le Professeur est en danger et même le monde entier, alors que le Dwarvengobben prévoit d’envahir le monde de la surface et de l’anéantir.

“On va vous démolir la gueule.“

Mais voilà, le Professeur est retenu captif dans la forteresse du tyran et même si de nombreux portails permettent théoriquement de se téléporter entre le monde des humains et le monde des gobelins, ils doivent être tous réactivés afin de pouvoir être utilisé par la suite. Autrement dit, nos deux jeunes héros vont devoir faire intégralement tout le trajet à pieds et se perdre dans les sombres couloirs de ces donjons aux multiples embranchements et remplis de monstres.

Fort heureusement, Jenn et Tristan, de part la fougue de leur jeunesse, aiment la baston et vont avoir l’occasion de s’en donner à coeur joie. D’aucuns diraient qu’ils ne mesurent pas pleinement l’importance de la situation mais que voulez-vous, c’est ça être adolescent. Armés comme il se doit grâce à l’installation du Professeur qui semblait avoir tout prévu à l’avance, ils vont donc s’aventurer de plus en plus profondément en territoire ennemi, distribuant mandales sur mandales, et déverrouillant de nouveaux portails jusqu’à atteindre l’emplacement où leur père adoptif est prisonnier et torturé.

Aux armes et souterrain

Young Souls est donc un étonnant mélange entre (J)RPG et beat ’em all dont il reprend tous les codes avec une efficacité incroyable et surtout une maîtrise parfaite. C’est bien simple, dès les premières minutes, on a l’impression de jouer aux vieux jeux de combat à scrolling horizontal d’antan comme Streets of Rage, par exemple. Mais on pense également à des jeux comme Dragon’s Crown sur PS3 ou même Guardian Heroes, pour ceux qui se souviennent de la Saturn. En tout cas, que ce soit en terme de jouabilité ou de transposition à l’écran, le ressenti en jeu est excellent. On se déplace dans les quatre directions sur un terrain horizontal et les coups s’enchaînent, les ennemis encaissent et sont projetés en l’air.

Vous pouvez effectuer des attaques simples et rapides ou des attaques puissantes mais lentes. Comme dans les classiques du genre, vous pouvez aussi utiliser des éléments du décor voire les ennemis eux-mêmes pour les lancer sur ceux qui restent. Mais ce n’est pas tout car le titre de 1P2P Studio étant un jeu de rôle, il intègre aussi un système d’esquive qui permet d’éviter certaines attaques – attention, leur nombre est limité et se recharge avec le temps – ainsi qu’un système de contre qui peut étourdir vos adversaires si vous en maîtrisez le timing, vous donnant l’occasion de contre-attaquer ou d’infliger certains malus particuliers.

Au final, les affrontements sont vraiment percutants et ces mécaniques empruntées aux jeux de rôle les dynamisent encore plus. Entre les vagues d’ennemis toujours plus nombreux ou les boss qui nécessiteront en prime un peu de stratégie et de sang-froid, autant vous dire que le challenge est plutôt relevé mais on alterne les coups, les esquives et les parades, et avancer dans ces donjons se révèle être vraiment réjouissant. En plus, chaque niveau est finalement assez court ce qui permet de réaliser de petites sessions si besoin, un format qu’on pourrait juger idéal pour emmener le jeu avec soi sur tous nos écrans grâce à Stadia.

Cela dit, si la difficulté vous semble trop élevée, vous pouvez l’ajuster à tout moment dans les options du jeu. Les développeurs conseillent une difficulté assez ardue par défaut qui permet de profiter au maximum de tout ce qu’il a à offrir en terme de challenges et de récompenses. Mais vous avez le choix dès le début, et à tout moment, de modifier ce niveau de difficulté. D’une simple pression sur une touche, vous pouvez voir en détails les bonus et malus que cela implique. Il y en a pour tous les goûts et c’est vraiment très appréciable de la part des développeurs français de ne pas avoir réservé son jeu qu’à un certain profil de joueurs. Et en plus du niveau de difficulté, plein de paramètres sont modifiables manuellement un par un !

En ce qui concerne l’accessibilité de leur titre, les développeurs ont vraiment pensé à tout, comme en témoigne ce filtre anti-grossièretés qui peut être activé dans les paramètres. Une excellente idée car de part son style graphique, son gameplay et la possibilité de jouer à deux en local, le jeu de 1P2P Studio pourrait attirer parents et enfants. Or, les deux principaux protagonistes sont quand même très vulgaires, le filtre permet de s’affranchir des dialogues concernés pour fournir une expérience saine à tous. Encore bravo !

Les voyages forment la jeunesse… même en territoire gobelin

Comme on l’a dit, Young Souls, c’est aussi un (J)RPG et c’est même plus exactement ce qu’on pourrait appeler un dungeon crawler. Chaque excursion que vous aller réaliser dans le monde souterrain vous récompensera comme il se doit par du loot. En effet, vous obtiendrez régulièrement dans des coffres, et surtout sur les cadavres des boss, de l’équipement aux propriétés uniques. Mais vous trouverez aussi de l’argent et obtiendrez de l’expérience en terrassant vos adversaires.

Nos deux jeunes héros vont donc progressivement s’améliorer au fil du temps, grâce à l’expérience engrangée au combat qui leur permet de gagner des niveaux et d’obtenir de meilleures statistiques. Celles-ci sont au nombre de trois : la Force qui représente les dégâts que vous pouvez infliger à vos adversaires, la Résistance qui représente la défense, votre capacité à résister aux assauts ennemis et l’Endurance qui régit l’utilisation de certaines actions comme les esquives et les attaques spéciales.

De temps à autre, vous obtiendrez des tickets d’entraînement que vous pourrez utiliser chez Happy Fit, la salle de sport locale, afin de glaner quelques points bonus dans la statistique de votre choix, en échange d’un mini-jeu. Mais ce n’est pas le seul point d’intérêt en ville qui méritera votre attention. Il y a également les magasins du coin comme Solid Sneakers qui vous vendra des baskets imprégnées de magie gobelin, des artefacts qui coûtent très chers mais qui vous donnent des bonus passifs inestimables comme augmenter la quantité d’or que vous gagnez, augmenter vos PVs maximums ou encore vous permettre de faire plus de dégâts.

Parlons également du marché gobelin, une place underground (dans tous les sens du terme) où les différents alliés que vous aurez l’occasion de libérer iront se réfugier pour vous proposer leurs services. Au fur et à mesure, donc, vous débloquerez de nouvelles possibilités comme le fait de pouvoir acheter du nouvel équipement et même améliorer celui que vous possédez, en échange de matériaux et d’argent. Vous pourrez aussi faire le plein de diverses potions ou encore fabriquer et améliorer des accessoires qui vous garantissent des capacités particulières. On vous conseille par ailleurs d’explorer au maximum chaque zone du jeu, de nombreux chemins alternatifs sauront vous dédommager de sacs d’or, d’accessoires et clés ouvrant de nouvelles routes ou de nouveaux coffres plein de richesses.

De quoi être paré pour arpenter ces donjons dans les meilleures conditions, donc. Mais la puissance ne fait pas tout, le style est tout aussi important, surtout quand on est jeune et qu’on aime avoir le swag. Et, avouons-le, parce-qu’en tant que joueurs, on aime aussi pouvoir personnaliser les personnages que l’on incarne. Un petit tour à la boutique de fringues Teen Spirit paraît ainsi inévitable pour dépenser votre argent dans différents vêtements. Tête, corps et jambes pourront être recouvertes d’éléments pour vous donner un look complètement unique. Tremblez, goblins !

Mais attention, ces différents magasins, de part leur nature humaine ou gobelin, n’acceptent pas le même type d’argent. En effet, dans les donjons, vous obtiendrez uniquement de l’or à l’effigie des êtres à la peau verte ou violette et bien évidemment, dans le monde de la surface, cette monnaie n’a pas cours. Même si vous pouvez l’utiliser librement dans les différents stands du marché gobelin, vous aurez besoin de billets bien humains pour faire vos emplettes en ville. Heureusement pour vous, il existe une boutique de change nommée Give n’ Go qui se fera un plaisir de racheter vos trouvailles, que ce soit matériaux ou équipements, contre de beaux billets de banque. Il vous faudra donc jongler entre les deux devises en fonction de vos besoins et de vos envies.

À ceux qui ont perdu quelqu’un sans savoir qu’il leur manquait…

Non content d’avoir déjà de nombreux point forts pour lui, Young Souls se targue en plus d’être enrobé de graphismes de toute beauté, la direction artistique est un vrai bonheur. Le titre de 1P2P Studio est beau, détaillé en plus d’être richement animé. Chaque environnement possède sa propre ambiance, sans parler du casting des personnages, principaux ou non, qui est une réussite totale. Il y a ceux qu’on aimera, ceux qu’on aimera détester mais tous prennent vie de la plus belle des manières, renforcés par une écriture à plusieurs niveaux qui n’hésite pas à mélanger humour, phrases percutantes et messages plus profonds.

D’ailleurs, si vous trouvez un air de ressemblance avec Dofus, autant au niveau du style graphique que de l’humour, ne soyez pas étonné : ce sont majoritairement des anciens d’Ankama, après tout, qui ont travaillé sur le projet. Saluons au passage la mise en scène léchée dont fait preuve le jeu, l’épopée de Jenn et Tristan étant ponctuée de nombreuses cinématiques qui font qu’on a devant les yeux une véritable bande dessinée qui prend vie. C’est aussi ça l’un des gros points forts de Young Souls. Contrairement aux beat ’em all classiques, il joue beaucoup sur sa narration.

Au final, on est embarqué dans une aventure contre la montre haletante sous fond d’intrigue politique fantastique et c’est un élément qui, en parallèle de son système de combat peaufiné à l’extrême, nous pousse continuellement vers l’avant, quand bien même on peut imaginer s’installer une forme de routine au gré des quatre grandes zones visitées. Toutefois, les atouts de Young Souls sont suffisamment nombreux pour passer outre.

Dernier point que nous n’avons pas encore mentionné : le jeu est totalement jouable à deux en coopération locale. Lorsqu’on joue seul, on peut switcher nos deux héros à tour de rôle en appuyant sur une touche dédiée tandis qu’à deux, chaque joueur contrôle l’un des adolescents et le plaisir, il faut l’avouer, s’en retrouve décuplé. Dans tous les cas, les pérégrinations de Jenn et Tristan vont feront vivre une aventure d’une bonne vingtaine d’heures, voire plus en fonction de la difficulté choisie et de votre envie d’explorer le monde souterrain dans ses moindres recoins.

ON A AIMÉ
+
Une direction artistique magnifique : une vraie bande dessinée vivante !
+ Le système de combat jouissif et percutant, parfaitement maîtrisé
+ L’exploration des donjons au rythme équilibré
+ Tellement fun à deux joueurs en local !
+ Quatre mondes, des donjons, des secrets, il y a de quoi s’occuper

ON A MOINS AIMÉ
Quelques petits bugs mineurs mais rien qui ne gâche l’aventure

Young Souls est un véritable coup de coeur, et même un sacré coup de poing. Pour un premier jeu vidéo, les français de 1P2P Studio ont frappé fort ! Leur bébé est une petite perle qui mélange le meilleur du beat them all avec une structure de dungeon crawler maîtrisée et des éléments de jeux de rôle équilibrés. On ne voit pas les heures passer dans le monde souterrain, embarqué par une histoire prenante et un système de combat tout simplement jouissif. On sourit même bien volontiers, malgré les coups reçus, au détour des nombreux dialogues parfois drôles, parfois cinglants. C’est frais, c’est beau, c’est redoutable d’efficacité. Bref, vous l’aurez compris, on ne va pas prendre de gants : on vous conseille de sauter sur Young Souls sans hésiter.

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