Le 13 mai dernier, GamesIndustry a pu s’entretenir avec Nate Ahearn, responsable du marketing pour les développeurs sur Stadia, ainsi qu’avec Marten Buijsse, Community Manager chez Soedesco (Kaze and the Wild Masks) et Alyssa Kollgaard, productrice senior chez Akupara Games (The Darkside Detective). L’occasion de revenir sur la santé de Stadia, et parler de son avenir. Explications.
Cet article se base sur l’entretien publié dans les colonnes de GamesIndustry. Vous pouvez retrouver l’article original ici.
« Google Stadia se meurt » ? Non, loin de là.
Est-ce que Stadia est en train de mourir ? C’est une question qui revient encore et encore, depuis le lancement de la plateforme il y a plus d’un an et demi. En effet, il y a de nombreux signes qui peuvent faire craindre le pire. Au début de l’année, Google a annoncé sa volonté de fermer ses studios d’exclusivités : Stadia Games and Entertainment (voir notre analyse ici). L’ancienne patronne de SGE, Jade Raymond, a créé récemment son propre studio Haven pour travailler sur des exclusivités Sony et a embarqué plusieurs de ses collègues avec qui elle travaillait chez Google.
Plus récemment, on apprenait aussi le départ de John Justice, responsable produit de Stadia, qui a trouvé un nouveau poste de vice-président au sein de Facebook. De quoi vraiment inquiéter la communauté même si Google montre qu’ils travaillent encore sur Stadia en intégrant par exemple une barre de recherche à l’interface Stadia, déclenchant l’hilarité générale sur les réseaux sociaux de la part des médias et haters, notamment en raison du temps mis par Google pour intégrer une fonctionnalité de recherche dont ils sont pourtant les rois sur Internet.
Pour Nate Ahearn, la plateforme Stadia est bien vivante. Mieux, il explique que c’est Dov Zimring, qui est l’un de co-fondateurs de Project Stream – devenu depuis Stadia – et responsable senior de la partie ingénierie depuis le début de l’aventure, qui va reprendre le flambeau de John Justice. Un choix de la part de Google qui se veut rassurant. Un pur “Googler“ et un ingénieur.
Google : des plans et une vision sur le long terme
La vision de Stadia est toujours la même qu’aux débuts du Project Stream: amener les jeux au plus grand nombre, sur des appareils que les gens possèdent déjà pour réduire le coût d’entrée aux expériences vidéoludiques. Sur ce point, Stadia est en pleine expansion avec plus de 100 jeux prévus pour 2021. Un nombre qui sera sans aucun doute dépassé d’ailleurs d’ici la fin de l’année.
« Nous sommes bien partis pour que plus de 100 nouveaux jeux soient lancés sur Stadia en 2021, et nous continuons à faire de Stadia un endroit idéal pour jouer à des jeux sur des appareils que vous possédez déjà », explique Nate Ahearn. « Je dirais à tous les non-croyants de prendre note de la façon dont nous continuons à joindre le geste à la parole, en développant le programme Stadia Makers et en nous associant à des studios AAA comme Capcom, EA, Square Enix, Ubisoft et d’autres. »
Attirer les studios et éditeurs : créer des partenariats
Oui, Stadia continue d’attirer les studios malgré sa place d’outsider. La raison a peut-être à voir avec la relation qu’entretient Stadia avec ses partenaires.
« Nous ne mettons pas la pression sur les studios indépendants avec lesquels nous travaillons dans le cadre de Stadia Makers », dit-il. « L’objectif du programme est de les aider à utiliser Stadia comme plateforme de lancement de leur jeu, et non de leur mettre la pression ou de leur compliquer la tâche. Une distinction importante à souligner à propos de Stadia Makers est que, par conception, nous n’attendons pas des studios qu’ils publient exclusivement leur jeu sur Stadia », dit-il. « Au contraire, le programme est conçu pour aider les studios à amener leurs jeux basés sur Unity à être lancés sur Stadia en plus d’autres plateformes. »
Une volonté clairement affichée de ne pas se positionner en concurrence du monde PC ou consoles mais de proposer une alternative pour les personnes ne disposant pas de PC gaming ou de console next-gen afin que les studios soient tout de même en mesure d’atteindre ces joueurs potentiels. Marten Buijsse explique : « Il est en fait très intéressant de voir la demande pour un service dans le cloud comme Stadia et on peut clairement voir qu’il comble une certaine lacune sur le marché. J’ai vu beaucoup de gens dire ‘J’aimerais que ce jeu soit sur mobile’ et Stadia permet à ces joueurs mobiles de jouer au jeu. »
Pour Nathan Ahearn, le programme Stadia Makers a déjà porté ses fruits en aidant ceux qui ont déjà sorti des jeux à atteindre de nouveaux joueurs. Pour l’avenir, l’objectif est de travailler plus étroitement avec ces développeurs: « Je dirais que l’une des leçons que nous avons tirées de nos relations étroites avec les studios Stadia Makers est qu’ils souhaitaient une relation plus étroite avec notre équipe d’ingénieurs partenaires pour passer en revue les différentes ressources techniques et fournir un soutien plus direct à livraison de titres sur Stadia. C’est un changement que nous avons apporté en février 2021, en allouant davantage de ressources à notre équipe pour qu’elle puisse travailler plus étroitement avec les développeurs si nécessaire. »
D’autant que la communauté de joueurs Stadia, bien qu’encore relativement petite, semble avide de nouveaux jeux comme l’explique Alyssa Kollgaard, qui décrit ses membres comme « très affamés de titres et ce sont des joueurs engagés et qui se font entendre. »
Le cloud gaming : une technologie émergente et un public qui se construit
Elle ajoute : « Le jeu basé sur le cloud est encore relativement nouveau, mais à bien des égards, il reflète l’adoption précoce du jeu VR », dit-elle. Si vous connaissez le cycle de vie de l’adoption d’une technologie, je dirais que nous nous trouvons actuellement dans la phase des ‘adopteurs précoces’ qui se dirige vers la phase de la ‘majorité précoce’. Le moment décisif n’a pas encore été atteint mais Google repousse actuellement les limites de la technologie et dispose de la notoriété et du financement nécessaires pour donner un véritable coup de fouet au secteur. Ce n’est pas quelque chose qui va se produire du jour au lendemain – c’est un processus lent. La barrière à l’entrée est encore un peu élevée pour les nouveaux joueurs – ils ne savent pas grand-chose du cloud gaming et de son fonctionnement, et les consoles traditionnelles sont un pilier de notre industrie depuis le début ; les joueurs sont un peu réticents à envisager des alternatives. C’est toujours un défi de faire quelque chose d’innovant, mais tout est innovant avant d’être banalisé. Si quelqu’un doit le faire, ce sera Google ».
Pas de doute au vu de ces témoignages : Stadia est bien vivant et dans une très bonne dynamique pour envisager sereinement l’avenir, contrairement aux pronostiques des médias et d’autres détracteurs. Ceci dit, d’autres acteurs arrivent à leur tour sur ce marché comme Microsoft, Sony, Nintendo, Tencent, NVIDIA ou encore le très attendu Amazon, qui pourraient bien bousculer encore plus ce secteur en pleine construction, même si à notre sens ils n’interféreront pas avec ce que Google est en train de mettre en place. Qu’en pensez-vous ? Donnez votre avis en commentaires ou sur nos réseaux !