Dans une industrie vidéoludique où il est rare de trouver de véritables créations originales, il est difficile de tomber sur la petite perle. Et pourtant, dans ce vaste océan est né FORECLOSED, une aventure narrative mais aussi d’action signée Antab Studio et édité par Merge Games. Le jeu fait parti du programme de financement de jeux indépendants par Google : les Stadia Makers. Univers profondément inspiré du genre cyberpunk, direction artistiquement réussie oscillant entre comics peint au cell-shading et cartoon dystopique, gameplay addictif et scénario prenant, tout laisse à croire qu’Antab Studio essaye simplement de surfer sur la vague laissée par l’incroyable Cyberpunk 2077. Vulgaire copie ou création originale ? Voyons donc ensemble ce que vaut réellement FORECLOSED.
Ce test a pu être réalisé grâce à une clé d’accès du jeu fournie par l’éditeur, en partenariat avec Stadia Fr. Merci à Antab Studio, Merge Games et Google pour leur confiance !
S’échapper de ce put**n de cauchemar
Il est 7h du mat’. Réveil qui sonne. Une journée banale en perspective pour Evan Kapnos, employé chez Secur’Tech. Jusqu’à l’ouverture des derniers mails reçus pendant la nuit… On découvre que notre héros du dimanche perd son identité suite à des problèmes avec ses implants technologiques, étrangemment liés à la fermeture de l’entreprise où il travaillait… On devine rapidement que cette journée ne sera peut-être pas si banale, finalement. Vous n’avez même pas le temps de sortir du lit qu’un groupe d’inconnus en costards vous pistent, jusqu’à en venir au tir à balles réelles. Tout s’enchaîne très rapidement, peut-être un peu trop ou juste assez pour une aventure narrative qui se veut remplie d’action…
Dans l’ensemble, FORECLOSED s’impose comme une fiction réussie par son côté comics original mélangé à la voix rauque d’Evan, narrateur principal de sa propre histoire – et qui d’ailleurs se montre parfois un peu monotone. Attention, il est important de noter qu’au final vous passerez la majorité du temps un pistolet à la main à tirer dans le tas et le reste à passer du temps à observer les – somptueux – environnements de ce monde cyberpunk, prendre note des détails des dialogues entre les personnages, faire les liens entre les différents éléments du cauchemar qu’est cette sale journée pour Evan Kapnos.
Direction artistique réussie : une bande-dessinée vivante
Véritable force de FORECLOSED : son univers diaboliquement mis en valeur. Grâce aux nuances de couleurs de ce style cell-shading, on a vraiment l’impression d’être dans une œuvre unique, une peinture interactive. Évidemment, les amoureux du genre cyberpunk seront ravis de découvrir une ville dystopique dès les premières minutes de jeu. De plus, toute l’aventure est rythmée au son des musiques et effets sonores franchement très convaincants. Difficile d’y trouver un quelconque défaut, c’est un point particulièrement réussi pour Merge Games et Antab Studio : FORECLOSED est très immersif.
Très mis en valeur lors de la campagne marketing, le style « façon bande dessinée » prend forme au fil de l’avancée dans l’histoire. Vignette après vignette, c’est action après action que se construit le discours d’Evan. Pour renforcer ce sentiment de jouer réellement dans une bande-dessinée, FORECLOSED accentue les différentes prises de vue : la caméra n’est jamais fixe. C’est parfaitement réussi puisque cela évite de voir une certaine monotonie s’installer du moins au niveau du scénario et des déplacements hors combats. Vous aurez même l’occasion de trouver quelques secrets cachés dans les environnements via une sorte de radar, qui s’active en fonction de la distance par rapport au secret. Pourquoi pas !
Gameplay et gunfights intéressants mais très vite répétitifs
Là où FORECLOSED a du mal à convaincre, c’est dans les combats et les sensations qu’ils procurent. Très addictifs au début de l’aventure, il s’avère en réalité qu’ils se basent tous sur la même forme, peu importe les ennemis. Ce sentiment d’inachevé est d’ailleurs amplifié par les couinements « ARGH » que font les ennemis à leur mort. Peu réaliste mais certains peuvent en tirer du plaisir… Sachez que les ennemis débarquent par vagues c’est-à-dire par groupes succincts au fur et à mesure de vos kills. Bien sûr, absence de difficulté oblige, FORECLOSED vous oblige à vous adapter à tout type de situation, vous apprécierez utiliser les environnements pour vous défendre ou bien attaquer les ennemis. On regrette un peu que certains ennemis soient vraiment de gros sacs à PVs et d’autres qui meurent avec un seul tir dans la tête… Une impression de déséquilibre s’en détache surtout au vue du faible niveau de vie d’Evan Kapnos.
On a apprécié les détails portés sur les différentes possibilités d’infiltration, comme exploser les implants d’ennemis grâce aux facultés de télékinésie d’Evan, les roulades accroupies ou encore les ascenseurs / objets à utiliser pour causer toujours plus de morts. Paradoxalement, notre héros ne peut pas sauter ou se mettre à couvert : au final on est assez restreint en mouvements. Au fil de vos combats, vous débloquerez de l’expérience qui sert tout simplement à améliorer vos implants. Une façon de se donner un objectif même si la courbe de progression est vite exponentielle au point où on débloque rapidement toute sorte de pouvoirs / gadgets. Honnêtement, on met à mal tout ce qui nous entoure à tâtons au début (une mort pour Evan est mortelle pour vous aussi : vous devrez recommencer au dernier checkpoint…), puis assez facilement avec ces compétences mais sans grande passion il faut l’avouer.
ON A AIMÉ
+ Quel savoureux format bande dessinée / aventure narrative !
+ Scénario assez creux mais efficace dans l’ensemble…
+ Une bande-son et des effets qui dynamisent bien toute l’aventure
+ Plusieurs points de vue caméra au fil des « cases de la BD »
+ De très bonnes inspirations côté gameplay (piratage, gadgets…)
ON A MOINS AIMÉ
– Parfois difficile de trouver certains objets cachés via le radar
– Mécaniques de gunfights intéressantes mais très vite redondantes
– Certains ennemis trop statiques et d’autres qui visent à travers les obstacles…
Disponible depuis le 12 août, FORECLOSED est une aventure originale très immersive. Avec ses airs de bande dessinée sauce Mœbius (on a trouvé des ressemblances de cell-shading à la PixelJunk Raiders), vous aurez l’impression de parcourir les pages d’une œuvre très singulière mais qui n’a pourtant pas la prétention d’être à la hauteur d’un Cyberpunk 2077, bien au contraire. FORECLOSED vous embarque dans la peau d’un banal employé qui se voit doté d’améliorations cybernétiques. Évidemment, qui dit jeu narratif dit aussi péripéties : cette société qui pullule de mauvaises âmes essayera de vous réduire au silence, par tous les moyens possibles… Même si le schéma histoire / combats / exploration devient assez vite répétitif en plus d’un scénario qui sonne parfois creux, il y a suffisamment de suspens pour ne pas lâcher l’affaire en cours de route. Vous sortirez sûrement de cette expérience à bout de souffle, tant par les effets et musiques qui rythment avec succès les différentes séquences de gameplay que par les détails portés à l’univers du jeu (narration, décors, gadgets, secrets à découvrir…).