Immortals Fenyx Rising : la Grèce antique loin d’être en toc

Autrefois appelé “Gods & Monsters“, Immortals Fenyx Rising est enfin disponible et c’est peu dire que dès son annonce, il avait attiré les critiques tant sa ressemblance avec d’autres jeux vidéo, comme son aîné Assassin’s Creed Odyssey, était frappante. Mais après avoir vadrouillé suffisamment longtemps sur l’Île d’Or, les craintes peuvent être dissipées : le nouveau jeu d’aventure et d’action en monde ouvert d’Ubisoft a réussi à trouver sa propre voie. Des dieux et des monstres, certes, mais surtout un voyage initiatique intelligent et plein d’humour à travers la mythologie grecque.

Mise à jour 12/04/22 : Retrouvez tout le contenu des DLCs et extensions dans notre article dédié. On vous les recommandes tout particulièrement si vous avez aimé l’aventure principale !

L’épopée de Fenyx, très “Caucase“

Typhon est l’un des Titans les plus redoutables. Enfermé par Zeus dans les enfers du Tartare, il a réussi à se libérer de ses chaînes et a commencé à assouvir sa vengeance en détruisant tout sur son passage, bien déterminé à se débarasser de tous les dieux présents. Sur l’Île d’Or, beaucoup d’entre eux ont fui et les rares qui sont restés pour se battre se sont vus subtiliser leur essence et ont perdu tous leurs pouvoirs. Zeus, de son côté, s’est rendu au sommet du Mont Olympe pour demander l’aide de Prométhée qu’il avait enchaîné sur le Mont Caucase après que ce dernier ait volé le Feu Sacré pour l’offrir aux mortels. Mais au lieu d’accepter, Prométhée décide de faire un pari avec le dieu de la foudre. Si un mortel parvient à terrasser Typhon, alors Zeus sera obligé de le libérer. Sinon, il acceptera de l’aider à combattre le Titan et de rester prisonnier.

C’est ainsi que Prométhée commence à raconter une histoire à Zeus, celle d’une guerrière nommée Fenyx qui s’est échouée sur les rivages de l’Île d’Or et qui, dans le but de sauver son équipage transformé en statues de pierre par Typhon, va découvrir qu’elle est le sujet d’une prophétie au terme de laquelle elle sera amenée à combattre et triompher du Titan grâce à l’aide de certains dieux. Mais pour y arriver, elle devra d’abord retrouver ces dieux disparus et les aider à retrouver leurs pouvoirs. C’est ainsi que démarre une véritable épopée pour la jeune porteuse de bouclier qui espère trouver sa place et prouver sa valeur.

Ce qui frappe de prime abord, malgré le sérieux de cette entrée en matière, c’est l’humour omniprésent au sein du jeu. Vous vous en rendrez très vite compte, que ce soit par l’attitude de Fenyx (qui peut d’ailleurs très bien être un homme ou de genre non binaire – on saluera l’initiative d’Ubisoft sur le sujet), ses interactions avec les autres personnages ou plus communément à travers les nombreuses interventions de Zeus et Prométhée dont vous vivez le récit en temps réel. Nous avions d’ailleurs exprimé notre inquiétude sur ce sujet dans notre aperçu de la démo exclusive Stadia mais il n’en est rien. Ces échanges sont l’occasion de sourire ou d’apprendre d’innombrables anecdotes sur la mythologie grecque, voire les deux en même temps. L’écriture se révèle non seulement très intelligente et maligne mais aussi totalement décalée, comme lorsque Zeus qui justifie à plusieurs reprises ses erreurs par la consommation excessive de boissons.

L’autre point qui saute immédiatement aux yeux – et c’est le cas de le dire – c’est l’aspect graphique. Le jeu est un régal pour les yeux, affichant des couleurs vives et chatoyantes qui ravira les amateurs du mode Photo. C’est un vrai plaisir de parcourir ces six régions dans le cadre de cette quête, régions toutes différentes les unes des autres et qui ne sont pas aussi petites que ce que la carte nous laisse présager. Toute en verticalité, sa construction est pertinente, assez dense et invite à l’exploration, une exploration dont vous pouvez profiter en 4K / 30fps ou en 1080p / 60fps en fonction du mode graphique sélectionné. La musique n’est pas en reste non plus puisque la bande originale a été confiée à Gareth Coker, le compositeur derrière les deux jeux de plateformes “Ori“ et c’est un ravissement pour les oreilles.

Hermès ouvre sa boutique à la Halle des Dieux

Pour parvenir à ses fins, la jeune guerrière en devenir pourra compter sur l’insaisissable Hermès qui n’hésitera pas – non sans avoir ses propres objectifs personnels bien entendu – à aiguiller Fenyx sur le chemin de sa prophétie. C’est ainsi que dès le début du jeu, il demande au joueur de rejoindre la Halle des Dieux, un endroit mystique qui reste le seul sur l’île à échapper au regard de Typhon, une cachette idéale, donc, qui va permettre aux dieux sauvés de se préparer et surtout à notre héroïne de s’entraîner et de s’améliorer en vue des combats à venir.

Non seulement il s’agit d’un véritable hub où le joueur pourra recevoir moult récompenses après avoir accompli certains exploits mais cette Halle est un véritable petit centre commercial divin où on retrouve différents “stands“ qui ont chacun leur propre fonction. En échange de nombreux matériaux que notre amie pourra récolter dans la nature, dans les coffres ou sur le corps de ses ennemis, le joueur pourra augmenter sa jauge de santé, son endurance, améliorer son équipement et même débloquer de nouvelles compétences.

C’est également ici qu’Hermès vous permettra d’échanger votre “élektrum“, une ressource obtenue en accomplissant des quêtes quotidiennes et hebdomadaires, contre de nouveaux éléments cosmétiques. Il s’agit en fait d’une monnaie virtuelle permettant de récupérer gratuitement certains de ces éléments qui ne peuvent être obtenus sinon que dans la boutique du jeu moyennant quelques euros. Apparences d’armes et d’armures, skins d’ailes et montures uniques, la boutique est relativement fournie si tant est que vous souhaitiez personnaliser plus particulièrement votre personnage sachant que le jeu regorge déjà de très nombreux équipements et apparences alternatives pour occire les sbires de Typhon avec classe.

L’ascension de Fenyx

Toutefois, il faudra bien plus que du style pour réussir à ne pas tomber face aux nombreux assauts du Titan. Les différents territoires que vous allez explorer sont envahis de monstres en tout genre : des soldats armés en passant par les animaux corrompus comme les ours ou les coqs sans oublier les monstres tels les harpies, cyclopes, cerbères ou hécatonchires. Le bestiaire n’est malheureusement pas très varié et n’évoluera au fil de votre progression que par un changement de couleur indiquant une difficulté plus accrue. Rouge, bleu, violet avec parfois la jauge de vie encadrée d’or pour vous faire trembler.

Pour vous en sortir face à cette pléthore d’ennemis, vous pourrez compter sur votre épée, une hache et un arc. Chacune de ces trois armes principales peuvent être utilisées à des fins particulières, par exemple l’épée permet d’infliger le plus de dégâts là où la hache permet surtout de déstabiliser ses adversaires. L’arc permet d’occire les sbires de Typhon à distance encore plus si vous parvenez à leur décocher une flèche en pleine tête. Il ne faudra pas hésiter à améliorer votre panel de coups pour pouvoir réaliser davantage de combos et dégâts sous peine d’être vite dépassé parfois par certains groupes d’ennemis. Et même si on dit que la meilleure défense, c’est l’attaque, vous pourrez également utiliser un système d’esquives et de contres pour lutter face à ces menaces. Si vous parvenez à esquiver ou contrer une attaque au moment idéal, vous pouvez même ralentir temporairement le temps ou infliger encore plus de dégâts. Et il ne faudra pas hésiter à abuser de ces possibilités, surtout si vous jouez dans les difficultés les plus élevées.

Les combats sont bien pêchus et on sent progressivement la montée en puissance de la jeune guerrière. Mais globalement, le jeu n’est pas si simple que cela et ce ressenti sera difficile à appréhender dans les difficultés les plus élevées. Vous avez le choix entre cinq niveaux de difficulté que vous pouvez modifier à tout instant. Ce choix est parfaitement équilibré ce qui est assez rare pour être souligné. En difficulté “Histoire“, la plus basse, autant dire que vous ne craignez rien tout comme en mode “Facile“ où une simple vigilance devrait vous permettre de vous en sortir haut la main. En revanche, à partir de la difficulté “Normale“ et au-delà, vous finirez par être obligé d’exploiter tout ce que le jeu vous offre pour vous défendre. Les ennemis peuvent faire vraiment très mal et la mort vous guettera souvent du coin de l’oeil. Il faudra donc choisir la difficulté avec soin car derrière l’humour omniprésent se cache un jeu qui peut être autant accessible que punitif.

Mythes aux logiques

Il ne faut donc pas se fier aux apparences avec Immortals Fenyx Rising, une phrase très représentative du titre d’Ubisoft qui a été longtemps comparé à son grand frère Assassin’s Creed Odyssey du même éditeur et à son cousin éloigné The Legend of Zelda : Breath of the Wild. C’est vrai qu’on y retrouve certains liens de parenté comme les nombreuses cryptes qui parsèment les différentes régions de l’île et qui vous demandent de résoudre des énigmes diverses et variées. Mais il n’y a pas que dans celles-ci que vous trouverez de quoi vous brûler les méninges.

L’Île d’Or croule littéralement sous les coffres verrouillés que vous devrez ouvrir en accomplissant différents défis mythiques. Course contre la montre pour atteindre un emplacement donné, ré-assemblage de fresques dans un ersatz du jeu de taquin, mémorisation de mélodies à reproduire ou encore défis nécessitant d’être habile avec votre arc, les occasions ne manquent pas, donc, de se divertir entre deux combats, surtout que cela permet de récupérer de nouveaux équipements et des pièces de Charon pour améliorer vos compétences ou en débloquer d’autres.

Les cryptes, quant à elles, fourmillent de puzzles plus élaborés et plus poussés que celles présentes à l’extérieur. D’ailleurs, parmi vos compétences se cachent des “pouvoirs divins“ qui seront obligatoires pour en venir à bout, des capacités qui vous permettent d’effectuer un double saut, de voler sur une courte distance, etc. Et même si on finit par retrouver souvent des systèmes et mécanismes déjà rencontrés, chacune d’entre elles est unique et aborde ceux-ci de façon inédite. On croit connaître certaines choses et on les prend pour acquis et soudain, le jeu nous propose une alternative ou une autre exploitation d’un de ces éléments. Ainsi, lorsqu’on pénètre dans ces sanctuaires du Tartare, on ne sait jamais à quoi s’attendre et c’est très appréciable.

Une belle réussite, nom de Zeus !

Pour trouver l’emplacement de tous ces endroits importants et coffres qui n’attendent qu’à être vidés, il y a bien sûr l’exploration – les éléments proches de vous apparaissant sur votre boussole – mais aussi la reconnaissance. En fait, à notre plus grande surprise, la carte n’est pas automatiquement remplie de tous ses points d’intérêts en réalisant une certaine action comme arriver au sommet d’un édifice ou d’une statue. C’est à vous de faire le travail en accédant à une vue spécifique qui permet de détecter la présence de ces lieux. Vous passerez donc pas mal de temps à scruter les environs jusqu’à ce que votre manette vibre et que vous puissiez faire apparaître ces points sur votre carte. Mais la sensibilité de la recherche est trop importante et le système mériterait d’être modifié pour garder son côté amusant qui, malheureusement, finit par s’étioler au fil des heures.

Graphiquement, le jeu est un régal pour les yeux, affichant des couleurs vives et chatoyantes qui ravira les amateurs du mode Photo. C’est un vrai plaisir de parcourir ces six régions toutes différentes les unes des autres et qui ne sont pas aussi petites que ce que la carte nous laisse présager. Toute en verticalité, sa construction est pertinente, assez dense et invite à l’exploration, une exploration dont vous pourrez profiter en 4K / 30fps ou en 1080p / 60fps en fonction du mode graphique sélectionné. La musique n’est pas en reste puisque la bande originale a été confiée à Gareth Coker, le compositeur derrière les deux jeux de plateformes “Ori“ et c’est un ravissement pour les oreilles. Un constat tout aussi positif en ce qui concerne le doublage FR du jeu avec un casting qui apporte de grandes voix et un ton juste aux nombreux dialogues. Même Lionnel Astier, dont la prestation dans la démo ne nous avait pas emballé, s’en sort très bien dans son rôle de roi des dieux bougon et incapable de reconnaître ses erreurs. On reconnaîtra aussi la voix de Françoise Cadol – voix française d’Angelina Jolie et de Lara Croft entre autres – ou encore celle de Alexis Tomassian, la voix de Martin Mystère ou de Fry, le héros de Futurama.

ON A AIMÉ
+ Le monde ouvert très dense et riche en activités
+ Les graphismes très colorés de l’univers du jeu
+ La difficulté parfaitement équilibrée et laissée au choix
+ Les énigmes, brillantes et sans cesse réinventées
+ Le doublage et son casting VF de qualité
+ Au-delà de l’humour, on apprend énormément de choses sur la mythologie grecque

ON A MOINS AIMÉ
La découverte des point d’intérêts peut devenir ennuyeuse
Certaines voix françaises peuvent paraître surjouées parfois
Les nombreuses interruptions de Zeus et Prométhée pourront en lasser certains

Ne pas juger un livre à sa couverture, un vieil adage qui peut aussi s’appliquer aux jeux vidéo et le dernier né des studios d’Ubisoft en est la preuve. Longtemps comparé à d’autres jeux et même accusé de plagiat, c’est manette en main qu’on se rend compte à quel point il possède sa propre identité forgée à partir d’un humour décalé et d’une originalité démesurée malgré ses racines évidentes. Accessible à tous les profils de joueurs grâce à son choix de difficulté savamment équilibré, l’épopée de Fenyx est un vrai régal pour les yeux et les oreilles où pendant une soixantaine d’heures, on ne s’ennuie jamais grâce à ses énigmes variées et ses personnages auxquels on finit par s’attacher. Une recette mythique bien maîtrisée, donc, qu’on appréciera goûter à nouveau – on l’espère – dans le cadre d’une suite.

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